Je veux rebâtir du commun entre tous les enfants de France. C'est utile et seule l'école peut le faire.
Je suis préoccupé comme vous par la violence. Dans le plan de rentrée, nous avons créé, à la demande du Président de la République, 500 emplois de prévention et de sécurité. Il faut y faire face, chaque jour, avec intelligence, en sachant que l'école est un lieu particulier qui accueille de nombreux intervenants.
Nous pouvons débattre du terme « décrocheur », comme de celui de « discrimination positive ». L'éducation nationale doit apprendre à parler autrement de certains sujets. Les défaites se jouent souvent dans la langue. Nous ne sommes pas des « managers », nous n'avons pas besoin de « patrons », nous ne sommes pas là en permanence pour évaluer. Nous devons employer un vocabulaire différent. Il y a des situations particulières qui doivent être reconnues comme telles. Je souhaite que la concertation porte tous ses fruits. Mon approche vaut pour la Martinique comme pour la Guadeloupe et beaucoup d'autres territoires de France : nous ne ferons pas que du quantitatif. Nous avons besoin d'une discussion qualitative, y compris sur les professionnels de l'éducation, les carrières, les mutations. Je souhaite que les visites ministérielles ne soient pas seulement l'occasion d'annonces magnanimes de grands projets, d'ouvertures de postes ou d'établissements.
Nous allons regarder la question soulevée en Haute-Garonne. Ce peut être un quiproquo, ou l'application de la loi et des consignes précédentes tant qu'elles n'ont pas été changées. Madame Morin-Desailly, nous avons suivi votre conseil : notre approche est globale. Qui trop embrasse mal étreint ! Je veux bien tout traiter en même temps. Des consensus ont pourtant eu lieu sur des points particuliers. La réforme des rythmes est globale, mais nous assumons tout de même ces points, n'en déplaise à ceux qui se livrent au terrorisme intellectuel à l'encontre de nos élèves. Fût-ce en appliquant des procédures démocratiques inusitées depuis longtemps, nous sommes capables de bouger dans l'intérêt des élèves. La méthode est utile. Je sais pourquoi les choses n'ont pas été faites plus tôt, j'en ai parlé avec mon prédécesseur. Ce n'était pas une raison pour ne rien faire.
Les questions de santé et de médecine sont importantes. Nous allons créer 1 500 assistants de vie scolaire individuelle à la rentrée. Cela répond à la demande des associations. Il faut traiter ce problème avec précaution. Il y a beaucoup de souffrance des familles et une très forte demande sociale adressée à l'école : 10 000 postes budgétaires en cinq ans ! Les familles veulent un accompagnement individuel. La ministre déléguée y travaille avec la ministre chargée des personnes handicapées. Si nous pensons que des enfants autistes ou avec des troubles psychomoteurs peuvent être insérés à l'école, il faut que les personnes qui les accueillent y soient préparées. Ce n'est pas le cas ! Elles sont sans formation et lorsqu'elles ont réussi à faire leur travail, elles sont remerciées ! Mmes Carlotti et Pau-Langevin doivent travailler dans les mois qui viennent pour améliorer la qualification, le recrutement et la certification. Si l'école doit accueillir massivement, elle doit le faire bien. Cela supposera des engagements budgétaires.
En matière de santé scolaire, nous avons aussi une pente très forte à rattraper. Les infirmières sont un peu moins mécontentes, les médecins le sont encore. Ils doivent apprendre à travailler ensemble. Nous devons faire en sorte, là aussi, que les lois non respectées le soient à terme.
Je comprends votre frustration. Oui, le Président de la République a souhaité cette priorité. Oui, le temps long est indispensable. Nous ne sommes pas dans la nervosité, le temps court, l'émotion. Nous devons prendre le temps de travailler ensemble, de nous parler, d'échanger nos expériences. La Nation ne doit pas se diviser autour de son école, mais se réunir dans toutes ses composantes. C'est une grande responsabilité pour nous tous. Le travail sénatorial sera déterminant dans ce moment politique important pour notre République (Applaudissements).