Mme Patricia Schillinger attire l'attention de M. le ministre de la santé et des solidarités sur la politique de prévention médicale, dirigée principalement vers les femmes et les enfants, négligeant totalement les hommes.
En effet, si le service militaire était un passage obligé chez le médecin, permettant de déceler certaines pathologies et les soigner à temps, aujourd'hui, un homme peut passer plusieurs années sans jamais voir un médecin. À l'inverse, les femmes consultent régulièrement leur gynécologue (prise de contraceptif, accouchement, détection du cancer du sein, du col de l'utérus) et les enfants sont suivis durant leur parcours scolaire.
On observe, certes, chez les hommes une réticence à consulter, ce qui entraîne des situations dramatiques qui, si elles avaient été décelées à temps -grâce un bilan de santé régulier- auraient pu être évitées.
Elle lui demande, par conséquent, s'il envisage d'engager une prévention relative aux risques spécifiquement masculins, afin que la population masculine ne soit plus ignorée de la politique de prévention et parvienne enfin à dédramatiser la confrontation avec le corps médical.
Les inégalités de santé entre les hommes et les femmes sont manifestes en France : la situation des hommes est défavorable au regard des principaux indicateurs de mortalité et morbidité. Toutefois, les origines de ces différences renvoient à de nombreux déterminants : génétiques, comportementaux, environnementaux (notamment professionnels), et relatifs aux conditions d'accès à la prévention et aux soins. La population masculine n'est pas pour autant ignorée de la politique de prévention. Elle bénéficie notamment de tout ou partie des mesures de prévention primaire qui s'adressent à la population générale ou à des sous-groupes de population, indépendamment de leur sexe. S'agissant des mesures de prévention médicale, l'essentiel d'entre elles est dispensé lors des consultations auprès du médecin traitant (prise de la tension artérielle, vérification des vaccinations, conseils hygiéno-diététiques, etc.). Toutefois, ces temps de rencontre entre les médecins et les patients sont le plus souvent motivés par une plainte à laquelle le praticien se doit de répondre. Le temps consacré à la prévention est en conséquence souvent insuffisant. C'est pourquoi, à la demande du ministre de la santé et des solidarités, le professeur Joël Ménard a rédigé récemment un rapport proposant l'organisation de consultations périodiques de prévention au cours desquelles l'individualisation et la hiérarchisation des risques pour la santé reposeraient avant tout sur l'âge, le sexe et la région d'habitation. Ces recommandations sont actuellement à l'étude par ses services. En ce qui concerne les politiques de prévention ou de dépistage généralisées, le préalable à la mise en oeuvre est l'évaluation précise des avantages qui seraient retirés au regard des moyens mis en oeuvre (études coût efficacité). S'agissant des risques spécifiquement masculins, il est utile, par exemple, de rappeler que la Haute autorité de santé ne recommande pas de dépistage généralisé du cancer de la prostate par dosage sanguin du PSA (antigène prostatique spécifique).
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