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Jean-Claude Carle
Question crible thématique N° 113 au Ministère de l'éducation


La rentrée scolaire

Question soumise le 27 octobre 2010

M. Jean-Claude Carle. Ma question porte également sur la formation des enseignants. Après tout, la pédagogie, c'est l'art de la répétition !
(Sourires.)

À partir de cette année, la réforme de la mastérisation entre en vigueur. Pour la première fois, les professeurs débutants n'auront pas connu l'année de formation en alternance qui était jusqu'à présent dispensée dans les instituts universitaires de formation des maîtres, les IUFM.

Or cette année se décomposait en 40 % de pratique devant les élèves et 60 % de cours dans les IUFM. On peut donc craindre un manque de préparation des professeurs débutants à la réalité de leur tâche.

À mon avis, il faut recentrer la formation des enseignants sur la pratique de leur métier. Les maquettes des concours sont trop axées sur les connaissances académiques du futur professeur. Maîtriser sa discipline est une condition nécessaire, mais non suffisante, pour l'exercice de la profession, comme il en est d'ailleurs de toute profession. Monsieur le ministre, déciderait-on de placer seul aux commandes d'un avion de ligne un pilote sans expérience ?

Je sais que les nouveaux enseignants devraient être accompagnés par des tuteurs. Mais, d'après les informations que j'ai reçues, il y aurait de grandes difficultés à les recruter.

Par ailleurs, il est prévu qu'un tiers du temps de service des nouveaux professeurs soit consacré à un complément de formation. Or il semble que ces stages soient organisés de façon très différenciée selon les académies, et je m'en inquiète.

Enfin, je tiens à souligner les difficultés de remplacement des professeurs stagiaires partis en formation. Comment comptez-vous assurer ces remplacements ?

Les enquêtes du PISA, le programme international pour le suivi des acquis des élèves, démontrent que, à investissement égal au nôtre, des pays tels que la Finlande, le Canada ou l'Australie enregistrent de meilleurs résultats de leurs élèves du fait d'une meilleure formation des maîtres.

Ceux qui vont former notre jeunesse doivent donc être préparés de la meilleure façon possible à l'exercice de leur métier.

Mme Françoise Laborde. Justement !

M. Jean-Claude Carle. C'est la raison pour laquelle un premier bilan de la réforme s'impose dès à présent, afin, éventuellement, de mettre en œuvre des mesures adaptées.

Réponse émise le 27 octobre 2010

M. Luc Chatel, ministre. Monsieur le sénateur, c'est précisément parce que nous avons une haute ambition pour l'école que nous avons choisi d'élever le niveau de formation initial de nos enseignants à celui du master, comme je l'ai indiqué à M. Tropeano.

Je rappelle que cette élévation du niveau de formation s'accompagnera d'un recrutement qui sera effectué sur la base, certes, de connaissances disciplinaires – il est important d'être un bon mathématicien pour enseigner les mathématiques ! –, mais aussi de pratiques pédagogiques en alternance. Dans le cadre de l'apprentissage relevant de la formation initiale, les pratiques seront plus nombreuses que précédemment, avec la possibilité de faire deux fois cent huit heures de stage, en observation pendant l'année M 1 et en mise en responsabilité pendant l'année M 2.

Les épreuves écrites d'admissibilité sanctionneront les compétences sur le plan disciplinaire, tandis que les épreuves d'admission auront pour objectif de valider le complément de la formation, cette formation pratique qui est effectivement importante, comme vous l'avez rappelé.

Une fois leur diplôme obtenu, les professeurs stagiaires bénéficieront d'un accompagnement dans chaque académie. Ils ne seront donc pas abandonnés face à leurs élèves, comme je l'ai entendu dire ici ou là.
(M. Claude Bérit-Débat s'exclame.)

Pour la première fois, nous avons organisé dans les académies, cette année, un stage d'accueil de tous les professeurs stagiaires. Nous avons mis en place un tutorat : dans le premier degré, tous les professeurs stagiaires étaient en binômes jusqu'aux vacances de la Toussaint. D'ailleurs, je vous rassure, monsieur le sénateur, les professeurs stagiaires de second degré ont également un tuteur.

Enfin, les professeurs stagiaires bénéficieront d'une formation tout au long de leur année de stage.

Nous avons conçu une réforme axée à la fois sur les compétences disciplinaires et sur la pratique.

Dès le mois de novembre, un premier bilan d'évaluation de cette réforme sera dressé. Nous sommes prêts, si nécessaire, à améliorer le dispositif pour l'année prochaine, cette année étant une année de transition pour nos professeurs stagiaires.

M. le président. La parole est à M. Jean-Claude Carle, pour la réplique.

M. Jean-Claude Carle. Je tiens à remercier M. le ministre des précisions qu'il a bien voulu m'apporter, concernant notamment l'évaluation de l'expérimentation, prévue dès le mois de novembre.

Conjuguer formation disciplinaire et formation au métier est indispensable à la bonne transmission, et donc à la bonne acquisition du savoir. De même, il est essentiel de pourvoir au remplacement des professeurs stagiaires et, d'une manière générale, à celui des enseignants absents. Mais, à mon sens, les difficultés tiennent plus à l'organisation du système qu'aux moyens mis en place.

Nous verrons, lors de la discussion budgétaire, que certains crédits ne sont pas totalement consommés. Le Sénat, représentant des territoires et très soucieux de la bonne utilisation des moyens financiers, sera très attentif à ces questions.

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