Mme Anne-Marie Payet attire l'attention de Mme la secrétaire d'État chargée de la santé sur le problème de la prise en charge de l'asthme dans les DOM.
En 2001, l'Inserm a mené une étude auprès d'élèves de 5e et de 4e. Il en résulte que 19,1 % des 13-14 ans sont asthmatiques contre 11,9 %. en métropole. L'enquête de l'InVs publiée en 2010 confirme que les jeunes réunionnais sont particulièrement concernés par l'asthme : 464 enfants âgés de 2 à 14 ans sont hospitalisés tous les ans, soit un taux de 26,1 enfants pour 10 000 (contre 21 en métropole). Chez les plus de 45 ans, la différence avec la métropole se creuse encore plus puisqu'il y a sept fois plus d'hospitalisations pour asthme. L'asthme tue 3,7 fois plus à La Réunion qu'en métropole
(14,1 personnes pour 100 000 habitants contre 3,8 dans l'hexagone).
Selon le Dr Bernard Tanguy, pneumologue au service des maladies respiratoires du CHR Félix-Guyon cette prévalence s'explique « parce que La Réunion est une île où les allergènes tels que les acariens ou le pollen sont présents tout au long de l'année à cause du temps ». Mais aussi parce que « l'humidité qui favorise la prolifération des acariens, est élevée. » Le facteur génétique ne doit pas non plus être négligé. Des études récemment menées en Australie tendent à montrer qu'un gène de l'asthme existe. Mais c'est surtout « le retard de diagnostic et le contrôle de la maladie moins drastique à La Réunion » qui sont pointés du doigt par les épidémiologistes.
La mesure du souffle est indispensable pour diagnostiquer un asthme. Cet examen doit être répété tout au long de la maladie. Selon le Pr Etienne Lemarié, Président de la société de pneumologie de langue française (SPLF) « Nous devons convaincre les médecins de mesurer le souffle de leurs patients. Notamment les fumeurs, les personnes essoufflées ou celles qui présentent des symptômes d'asthme (…). » Il ajoute « qu'il est indispensable aujourd'hui de former les étudiants en médecine à la mesure du souffle. Jusqu'ici, l'appareillage était compliqué, et cher. Ce n'est plus le cas. Nous disposons désormais de petits appareils portables qui n'existaient pas il y a encore quelques années ». En revanche, le suivi de la maladie sous traitement repose davantage sur le dialogue avec le patient. Car l'objectif est de savoir si la maladie est bien contrôlée par le traitement de fond.
Le contrôle de l'asthme est l'objectif primordial du traitement. Or, « seulement la moitié des asthmatiques suivent bien leur traitement. Il est donc impératif d'éduquer les patients, d'établir un projet thérapeutique ».
C'est pourquoi, elle demande au Gouvernement de bien vouloir lui faire connaître les mesures qu'il entend prendre afin de remédier à cette situation.
Mme Anne-Marie Payet. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, ma question porte sur le problème de la prise en charge de l'asthme dans les DOM, surtout à la Réunion, dont les statistiques en ce domaine figurent parmi les plus alarmantes de France. C'est un record dont on se passerait bien volontiers…
En 2001, l'INSERM, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, a mené une étude auprès d'élèves réunionnais de cinquième et de quatrième. Il en résulte que 19,1 % des 13-14 ans sont asthmatiques, contre 12 % en métropole. Dans une enquête publiée en 2010, l'INVS, l'Institut de veille sanitaire, confirme que les jeunes Réunionnais sont particulièrement concernés par l'asthme : 464 enfants âgés de 2 à 14 ans sont hospitalisés tous les ans, soit un taux de 26,1 enfants pour 10 000, contre 21 pour 10 000 en métropole. Chez les plus de 45 ans, la différence avec la métropole se creuse encore davantage, puisqu'il y a sept fois plus d'hospitalisations pour asthme. L'asthme tue 3,7 fois plus à la Réunion qu'en métropole : 14,1 décès pour 100 000 habitants contre 3,8 pour 100 000 dans l'Hexagone.
Le docteur Bernard Tanguy, pneumologue au service des maladies respiratoires du centre hospitalier régional Félix-Guyon, explique ainsi cette prévalence : « la Réunion est une île où les allergènes tels que les acariens ou le pollen sont présents tout au long de l'année à cause du temps » ; l'humidité, « qui favorise la prolifération des acariens, est élevée ». Le facteur génétique ne doit pas non plus être négligé. Des études récemment menées en Australie tendent à montrer qu'un gène de l'asthme existe. Mais c'est surtout « le retard de diagnostic et le contrôle de la maladie moins drastique à la Réunion » qui sont pointés du doigt par les épidémiologistes.
La mesure du souffle est indispensable pour diagnostiquer un asthme. Cet examen doit être répété tout au long de la maladie. Le professeur Étienne Lemarié, ancien président de la société de pneumologie de langue française, explique : « Nous devons convaincre les médecins de mesurer le souffle de leurs patients. Notamment les fumeurs, les personnes essoufflées ou celles qui présentent des symptômes d'asthme. » Il ajoute : « Il est indispensable aujourd'hui de former les étudiants en médecine à la mesure du souffle. Jusqu'ici, l'appareillage était compliqué, et cher. Ce n'est plus le cas. Nous disposons désormais de petits appareils portables qui n'existaient pas il y a encore quelques années. » En revanche, le suivi du malade sous traitement repose davantage sur le dialogue avec le patient, car il s'agit de savoir si la maladie est bien contrôlée par le traitement de fond.
Le contrôle de l'asthme est l'objectif primordial du traitement. Or, selon un autre spécialiste, « seulement la moitié des asthmatiques suivent bien leur traitement. Il est donc impératif d'éduquer les patients, d'établir un projet thérapeutique ».
C'est pourquoi je vous demande, madame la ministre, de bien vouloir me faire connaître les mesures que le Gouvernement entend prendre pour améliorer la prise en charge des asthmatiques outre-mer.
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Nadine Morano, ministre auprès du ministre du travail, de l'emploi et de la santé, chargée de l'apprentissage et de la formation professionnelle. Madame la sénatrice, je vous prie de bien vouloir excuser l'absence de Mme Nora Berra, retenue en région, qui m'a demandé de vous transmettre sa réponse.
Comme vous le soulignez, la prévalence de l'asthme est plus élevée dans les départements d'outre-mer, à la Réunion notamment, qu'en métropole.
Vous avez rappelé les données épidémiologiques. Les taux d'hospitalisation pour asthme sont aujourd'hui 1,2 fois plus élevés à la Réunion qu'en métropole chez les enfants âgés de 2 à 14 ans, et entre 1,3 et 1,6 fois plus élevés chez les sujets âgés de 15 à 44 ans. Il faut ajouter que les plus de 45 ans sont également concernés.
Face à cet enjeu majeur de santé publique, plusieurs types d'actions sont menés par le ministère de la santé.
L'objectif est tout d'abord de mieux informer. Le ministère de la santé a ainsi soutenu des campagnes d'information sur le souffle auprès du grand public et des professionnels, notamment « capital souffle » et « destinations respiration ». L'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, l'INPES, subventionne par ailleurs, depuis 2005, une ligne téléphonique dédiée à l'information du public et intitulée « asthme et allergie ».
Pour prévenir l'asthme, il est également essentiel, comme vous le soulignez, madame Payet, d'éduquer les patients. Le plan pour l'amélioration de la qualité de vie des patients atteints de maladies chroniques 2007-2011 vise à développer l'éducation thérapeutique des patients atteints de maladies respiratoires, en collaboration avec la Fédération française de pneumologie. Je précise, en outre, qu'il existe une école de l'asthme ouverte aux enfants et aux adultes au centre hospitalier de Saint-Pierre, à la Réunion.
Il faut également prendre en compte le fait qu'un grand nombre d'allergènes véhiculés par l'air extérieur – pollens, moisissures, etc. – sont à l'origine de la survenue, chaque année, d'allergies plus ou moins invalidantes, qui concernent des millions de Français. La surveillance des pollens et des moisissures présents dans l'air ambiant est principalement réalisée par le Réseau national de surveillance aérobiologique, le RNSA. Chaque site a été choisi par rapport à des critères climatiques, botaniques et de densité de populations. À la Réunion, un capteur de pollens est en fonctionnement à Saint-Denis depuis la mi-2009 ; un deuxième a été installé à Saint-Paul et fonctionne depuis mars 2011 ; un troisième est également prévu à Saint-Pierre.
Par ailleurs, l'exposition à des sources d'allergènes de l'air intérieur, comme les acariens, les blattes et les animaux domestiques, a des effets sur la santé des publics sensibles, entraînant conjonctivites, rhinites et asthme. Pour prévenir ces allergies liées à l'air intérieur, le ministère chargé de la santé, en collaboration avec le ministère chargé de l'écologie, porte ses efforts sur deux axes principaux : d'une part, l'information du public sur les allergènes et les moyens de réduire leur présence, via des supports d'information sur la pollution de l'air intérieur et les gestes quotidiens pour contribuer à sa réduction ; d'autre part, le développement, en métropole et à la Réunion, des conseillers en environnement intérieur, qui interviennent à domicile sur demande d'un médecin pour toute suspicion de pathologie liée à l'environnement intérieur. Ces derniers s'intéressent à la présence des principaux facteurs d'exacerbation et à certains paramètres de santé, notamment les symptômes respiratoires associés à l'asthme et les hospitalisations.
Enfin, je tiens à rappeler que le ministère de la santé a inscrit la prévention des allergies comme objectif du plan national santé-environnement pour la période 2009-2013, dit PNSE 2.
M. le président. La parole est à Mme Anne-Marie Payet.
Mme Anne-Marie Payet. Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre. Je ne manquerai pas de la transmettre aux professionnels locaux et aux personnes atteintes de cette maladie, qui fait, je le rappelle, quatre fois plus de victimes à la Réunion qu'en métropole.
Vous avez annoncé un certain nombre de mesures, mais vous n'avez pas abordé le problème de la sensibilisation des médecins, lesquels, selon le rapport, ne sont pas suffisamment informés. Or, à la Réunion, professionnels et malades attendent que des mesures drastiques soient prises afin d'améliorer la prise en charge des asthmatiques dans les départements d'outre-mer.
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