Photo de Daniel Gremillet

Daniel Gremillet
Question orale sans débat N° 1238 au Secrétariat d'État


Délais d'instruction des autorisations d'urbanisme

Question soumise le 27 août 2015

M. Daniel Gremillet attire l'attention de Mme la ministre du logement, de l'égalité des territoires et de la ruralité sur les délais d'instruction des autorisations d'urbanisme.

Le 11 juillet 2014, en présence du Premier ministre, les dirigeants de treize fédérations et syndicats professionnels représentant le secteur du cadre bâti et du logement au sens large, sont intervenus pour dénoncer les difficultés rencontrées par les professionnels de la maîtrise d'œuvre dans le cadre de l'instruction des autorisations de construire, notamment, les demandes de permis de construire qui font systématiquement l'objet d'une demande de pièces complémentaires.

Le 9 juillet 2015, le Gouvernement a adopté, sur proposition de la ministre du logement, de l'égalité des territoires et de la ruralité, le décret n° 2015-836 réduisant le délai d'instruction des autorisations d'urbanisme. Or, il semble que ce décret se montre insuffisant sur un certain nombre de points : il réduit le délai d'instruction d'un nombre très restreint de demandes d'autorisations de construction (immeuble de grande hauteur, établissements recevant du public…) ; il ne réduit que de peu (environ un mois) ce délai d'instruction qui était déjà assez court pour ces procédures ; il ne modifie pas les conditions de définition du point de départ de ce délai d'instruction - la demande de pièces complémentaires- ; il ne modifie pas le délai d'instruction pour les demandes d'autorisations de construire qui posent aujourd'hui un problème, notamment celles qui supposent l'organisation d'une enquête publique et qui ne permettent pas l'intervention d'une autorisation tacite (article R. 423-20 du code de l'urbanisme) ; il ne modifie en rien les conditions d'articulation de la procédure d'autorisation d'urbanisme avec celles relatives à l'élaboration, la modification ou la révision des documents d'urbanisme ; enfin, il ne modifie en rien la question du nombre et des délais de recours.

Le secteur du bâtiment est aujourd'hui en proie à de très graves difficultés. C'est pourtant l'un des plus importants réservoirs d'emplois, mais aussi un des leviers de revitalisation du monde rural. C'est pourquoi il souhaite savoir quelles dispositions le Gouvernement entend encore prendre afin de régler les vrais problèmes de délai d'instruction qui se posent aujourd'hui.

Réponse émise le 27 janvier 2016

M. Daniel Gremillet. Le 11 juillet 2014, en présence du Premier ministre, les dirigeants de treize fédérations et syndicats professionnels représentant le secteur du cadre bâti et du logement au sens large sont intervenus pour dénoncer les difficultés rencontrées par les professionnels de la maîtrise d'œuvre dans le cadre de l'instruction des autorisations de construire, notamment les demandes de permis de construire qui font systématiquement l'objet d'une demande de pièces complémentaires.

Le 9 juillet 2015, le Gouvernement a adopté, sur la proposition de Mme la ministre du logement, de l'égalité des territoires et de la ruralité, le décret n° 2015-836 réduisant le délai d'instruction des autorisations d'urbanisme.

Or il semble que ce décret se montre insuffisant sur un certain nombre de points : s'il réduit certes le délai d'instruction d'un nombre très restreint de demandes d'autorisations de construction, notamment pour les immeubles de grande hauteur et les établissements recevant du public, il ne réduit que d'environ un mois ce délai d'instruction pour ces procédures ; mais surtout, il ne modifie pas les conditions de définition du point de départ de ce délai d'instruction pour la demande de pièces complémentaires ; il ne modifie pas le délai d'instruction pour les demandes d'autorisations de construire qui posent aujourd'hui un problème, notamment celles qui supposent l'organisation d'une enquête publique et qui ne permettent pas l'intervention d'une autorisation tacite en vertu de l'article R. 423-20 du code de l'urbanisme ; il ne modifie en rien les conditions d'articulation de la procédure d'autorisation d'urbanisme avec les conditions relatives à l'élaboration, à la modification ou à la révision des documents d'urbanisme.

Nous partons tous du principe qu'il faut davantage de simplification. En matière de permis de construire, nous avons pourtant augmenté le nombre d'interlocuteurs. Les services chargés jusqu'alors d'urbanisme ont été éclatés, et des compétences ont été transférées aux communautés de communes, ce qui crée davantage de procédures et conduit à une augmentation des délais. Enfin, le décret susvisé ne modifie en rien la question délais de recours et de leur nombre.

Le secteur du bâtiment est aujourd'hui en proie à de très graves difficultés. C'est pourtant l'un des plus importants réservoirs d'emplois, mais aussi un des leviers de revitalisation du monde rural. C'est pourquoi je souhaite savoir quelles dispositions le Gouvernement entend encore prendre afin de régler les vrais problèmes de délai d'instruction qui se posent aujourd'hui.

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État.

M. Thierry Braillard, secrétaire d'État auprès du ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, chargé des sports. Monsieur le sénateur, vous m'interrogez sur les délais d'instruction des autorisations d'urbanisme qui sont à votre sens trop longs.

Je veux d'abord rappeler que les mesures engagées par le Gouvernement depuis trois ans en faveur de la relance de la construction portent leurs fruits. Selon les derniers chiffres du ministère du logement, le nombre de logements autorisés à la construction entre septembre et novembre 2015 a augmenté de 8,7 % par rapport à la même période l'année dernière.

Faciliter la délivrance des autorisations d'urbanisme est un élément essentiel pour soutenir la relance. C'est pourquoi le Président de la République a fixé l'objectif de réduire, dans la majorité des cas, les délais d'obtention des autorisations d'urbanisme à cinq mois.

Pour y parvenir, le Gouvernement a publié en juillet dernier un décret reprenant les propositions du groupe présidé par le préfet Jean-Pierre Duport. Ce décret a notamment permis de réduire les délais de délivrance des permis de construire pour les projets situés dans les périmètres de protection au titre du patrimoine en ramenant de quatre mois à deux mois le délai d'obtention de l'avis des architectes des Bâtiments de France.

Il permet également de réduire les délais de délivrance des permis pour les immeubles de grande hauteur, les établissements recevant du public ou les projets situés dans les espaces protégés au titre de l'environnement.

Vous m'interrogez sur les demandes de pièces complémentaires. Afin d'éviter les demandes abusives, nous avons réaffirmé ce principe dans le décret du 27 avril 2015 pris en application de la loi ALUR, et la ministre du logement, Sylvia Pinel, a demandé à ses services de le rappeler à l'ensemble des services instructeurs dans les territoires.

Enfin, sur le point particulier des projets soumis à évaluation environnementale et, donc, des permis de construire soumis à enquête publique, le Gouvernement travaille actuellement à une meilleure articulation des évaluations environnementales des documents d'urbanisme et des études d'impact des projets que ces documents autorisent.

L'objectif est de simplifier les procédures en évitant les études d'impact redondantes - ce qui va dans le sens de votre interpellation, monsieur le sénateur -, tout en assurant un haut niveau de protection des enjeux environnementaux.

Ces travaux, qui aboutiront à la fin du premier semestre de 2016, s'inspirent de la procédure intégrée pour le logement créée par l'ordonnance du 3 octobre 2013. Celle-ci permet d'ores et déjà de réduire les délais de réalisation des projets de construction de logements et d'en faciliter la réalisation afin de répondre à l'objectif du Gouvernement de relancer la construction.

M. le président. La parole est à M. Daniel Gremillet.

M. Daniel Gremillet. Monsieur le secrétaire d'État, je vous remercie pour votre réponse. Je suis impatient de connaître le résultat, qui devrait, si j'ai bien compris, être communiqué dans les trois mois, du travail mené par le Gouvernement sur les permis soumis à une enquête publique.

Permettez-moi de vous indiquer que l'inquiétude des « architectes des champs », pour reprendre le terme par lequel les maîtres d'œuvre se désignent eux-mêmes, reste entière.

Si ce décret visant à accélérer les procédures d'instruction dans le domaine du logement notamment est une avancée, il ne permet pas d'éviter tous les écueils. En effet, les demandes de permis de construire font systématiquement l'objet de demande de pièces complémentaires. Vous avez répondu sur ce point, mais partiellement ; or chaque fois qu'une pièce complémentaire est demandée, le compteur s'arrête. Il est donc nécessaire de procéder à une simplification.

Comment ne pas constater la déception de ces jeunes couples dont le projet de construction est complètement ficelé, qui disposent de l'accord des banques et ont fait réaliser des devis, et qui se voient refuser un permis de construire parce que le dernier règlement du lotissement de la commune ou du plan local d'urbanisme n'est pas encore connu par la direction départementale des territoires au moment de l'instruction ? Ou celle de ce couple dont le service instructeur de la communauté de communes a failli refuser un permis de construire au motif que celui-ci ne possédait pas le document à jour du plan local d'urbanisme, le PLU, la hauteur du bâtiment ne devant pas excéder six mètres alors que le projet présenté indiquait plus de six mètres cinquante, l'information n'étant pas arrivée jusqu'à l'organisme instructeur ?

En effet, les documents à jour n'ont pas bien suivi le transfert de compétences de la direction départementale des territoires, la DDT, à la communauté de communes, ce qui constitue parfois un problème et une source de ralentissement. L'éclatement des compétences de la DDT ne fait qu'augmenter les difficultés rencontrées par toute la filière de l'architecture et de la maîtrise d'œuvre, et par conséquent par toutes les entreprises du bâtiment qui ne demandent qu'à remplir leur carnet de commandes pour embaucher de la main-d'œuvre locale.

Imaginez l'incompréhension et le renoncement auxquels doivent faire face le terrassier, le maçon, tous les corps de métiers ! Les professionnels, les porteurs de projets, l'ensemble des acteurs économiques de nos territoires doivent pouvoir travailler avec des procédures davantage simplifiées sur la base de textes réglementaires qui ne soient pas éloignés des réalités du terrain et de la dynamique qui y règne encore.

Monsieur le secrétaire d'État, j'attends avec impatience les conclusions de ce travail qui devraient, je l'espère, apporter des réponses encore plus significatives sur le raccourcissement des délais.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette question.

Inscription
ou
Connexion