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François Bonhomme
Question d'actualité au gouvernement N° 1043 au Secrétariat d'État


Zones agricoles défavorisées

Question soumise le 18 novembre 2016

M. François Bonhomme. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt.

Les agriculteurs ont manifesté ce lundi à Montauban pour exprimer leur profonde inquiétude quant à la carte que le ministre a dévoilée le 22 septembre dernier et qui prévoit un redécoupage des zones agricoles dites défavorisées.

Du fait de ce redécoupage, ils perdraient l'aide qui, depuis trente ans, compense le handicap naturel lié aux sols. Les conséquences en seraient très lourdes : pour la région Occitanie, 1 058 communes seraient déclassées et 95 % de celles de mon département seraient rayées de la carte, ce qui entraînerait une perte de 4 millions d'euros pour une seule année.

À cela s'ajoutent les pertes associées, comme la bonification de la dotation jeune agriculteur ou certaines aides aux bâtiments agricoles.

M. le ministre a indiqué que la carte établie par ses services sur des critères biophysiques serait, dans un second temps, contrebalancée sur la base de critères complémentaires, dans la limite d'une marge de 10 % du territoire national. Or compte tenu de l'ampleur des conséquences et du jeu à somme nulle, cette correction sera tout aussi funeste.

J'ajoute que laisser traîner la situation, au lieu de la traiter dans les trois mois qui viennent, est une attitude également pernicieuse. Elle revient à laisser le soin à vos successeurs, monsieur le secrétaire d'État, de traiter la question, après les échéances électorales, c'est-à-dire quand il sera trop tard.

Les agriculteurs ne comprennent pas cette carte. Leur activité exige de la stabilité, de la visibilité ; ces éléments font défaut, ce qui entraîne leur trouble et leur colère.

C'est pourquoi nous vous demandons avant toute chose de retirer cette carte, qui est, en l'état, inacceptable du fait de ses conséquences, fût-elle corrigée à la marge.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.)

Réponse émise le 18 novembre 2016

M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur, je comprends votre inquiétude sur ce qui pourrait arriver dans les mois qui viennent… C'est pour cela que nous nous mobilisons de notre côté !

M. Roger Karoutchi. Nous aussi !

M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État. Nous entendons traiter les questions lorsqu'elles doivent l'être et ne pas attendre.

En 2003, la Cour des comptes européenne a demandé à la France de revoir la carte des zones défavorisées simples qui avait été établie dans les années 1970. Il ne faut donc pas attendre et cette réforme sera applicable en 2018.

Vous avez raison de souligner que, à la demande de Stéphane Le Foll et indépendamment des critères européens, 10 % des montants en question ont été réservés. C'est pourquoi, dans une deuxième phase, nous avons demandé aux préfets de travailler à l'établissement de critères qui permettent de faire rentrer de nouveau les territoires français concernés dans le dispositif.

Voilà environ un mois, le ministre de l'agriculture et Jean-Michel Baylet ont, dans ce cadre, reçu le préfet du Tarn-et-Garonne. Des représentants agricoles de la région Occitanie ont également été reçus par le cabinet du ministre.

Le travail de terrain est donc en cours. Il est important qu'il se déroule sereinement. Des réunions nationales ont aussi lieu régulièrement avec les collectivités et les organisations agricoles.

Le Gouvernement est très attaché à ce dispositif, qui aide les territoires agricoles les plus en difficulté. J'en veux pour preuve la revalorisation historique de l'aide en cause : 300 millions d'euros de crédits supplémentaires entre 2014 et 2017, ce qui permet d'atteindre aujourd'hui un total de plus d'un milliard d'euros. C'est vous dire notre attachement au fait que les choses se fassent en temps et en heure !
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. le président. La parole est à M. François Bonhomme, pour la réplique.

M. François Bonhomme. J'ai bien écouté votre réponse diplomatique, monsieur le secrétaire d'État… Mais je crains que vous n'ayez pas pris la mesure du problème. Votre mobilisation n'est pas éclatante.

Je rappelle que cette décision représente une amputation équivalente à 5 000 ou 7 000 euros par an, ce qui signifierait la fin de certaines activités d'élevage qui sont impossibles à diversifier. J'engage donc le Gouvernement à défendre véritablement les agriculteurs français. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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