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Patrick Kanner
Question d'actualité au gouvernement N° 116 au Ministère de la cohésion des


Politique de la ville

Question soumise le 15 novembre 2017

M. Patrick Kanner. Monsieur le Premier ministre, j'étais à Tourcoing ce matin pour entendre le discours du Président de la République sur la politique de la ville : un discours de conviction et, je le pense, sincère.

Dans ce domaine si complexe, si sensible, il n'y a pas d'ancien monde ou de nouveau monde. Il s'agit seulement de créer les conditions d'un monde juste, sans quartier perdu pour la République.

Emmanuel Macron a rappelé, avec raison, qu'il faut casser le cercle vicieux de l'assignation de fait à résidence et, disons-le, des ghettos. Il a raison d'affirmer que ces quartiers ne doivent pas s'habituer à l'insécurité. Il a raison de dénoncer le poids grandissant, dans certains quartiers, d'un islam radical, sans angélisme ni amalgame.

En rappelant ces priorités, ces valeurs, Emmanuel Macron n'a pas remis en cause l'action des gouvernements précédents qui avaient établi une nouvelle géographie prioritaire, lancé avec succès l'ANRU 2, renforcé la loi SRU, créé les conseils citoyens, établi dans chaque contrat de ville un plan d'action contre la radicalisation, mis en œuvre la Garantie jeune, rétabli les moyens au secteur associatif que la droite avait largement amputés (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)…

M. Marc-Philippe Daubresse. Parlons des budgets, monsieur Kanner !

M. Patrick Kanner. … et créé le testing contre les discriminations. Toutefois, monsieur le Premier ministre, où est la cohérence entre la création expérimentale des emplois francs et la baisse drastique des emplois aidés ? Où est la cohérence entre l'annonce de milliards supplémentaires pour l'ANRU et le garrot financier imposé aux bailleurs sociaux sans lesquels il n'y a pas de rénovation urbaine ?

M. Philippe Dallier. Ça, c'est vrai !

M. Patrick Kanner. Où est la cohérence entre le principe affiché d'une sanctuarisation des crédits de la politique de la ville et la suppression de 46 millions d'euros d'action en plein été 2017 ?

Monsieur le Premier ministre, il y a l'épreuve des mots, il y a aussi l'épreuve des faits. Oui à une mobilisation nationale, dans le respect des 5,5 millions d'habitants de ces 1 500 quartiers, mais surtout pas dans une logique comptable. Ces habitants n'ont pas à justifier de leur appartenance à la République française.
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

Réponse émise le 15 novembre 2017

M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires. Monsieur Kanner, je ne ferai ni le panégyrique ni la critique de votre action en tant que ministre de la ville. Alors que nous venons de rendre hommage à Georges Clemenceau, je pense qu'il est plus que jamais nécessaire d'adopter une vision qui dépasse les critiques que nous échangeons d'ailleurs de manière très démocratique.

Vous avez raison de saluer les propos du Président de la République. Il a pris conscience, comme le Premier ministre (Tardivement ! sur des travées du groupe socialiste et républicain.),...

Non, pas tardivement : durant sa campagne électorale, il avait beaucoup insisté sur ces questions. Il a très clairement exprimé la volonté de l'État de mener une politique forte pour aller de l'avant et bâtir un plan de relance de la politique de la ville - je ne suis d'ailleurs pas convaincu que les termes « politique de la ville » soient les plus appropriés.

Nous présenterons ce plan de relance à la fin du mois de février prochain. Nous l'élaborerons en concertation, en coconstruction, tant avec les collectivités locales, qui sont en première ligne sur ces dossiers, qu'avec les associations et les conseils citoyens. Cette coconstruction est indispensable à la réussite de cet enjeu absolument fondamental.

Nous sommes tous confrontés, dans nos communes, dans nos départements, à ces difficultés. Vous avez rappelé, monsieur Kanner, que ce périmètre comptait plus de 1 500 quartiers prioritaires. J'ignore si le découpage est juste, mais nous ne reviendrons pas dessus.

Ce qui importe maintenant, c'est de prendre des mesures fortes, interministérielles, portées par l'ensemble du Gouvernement, avec le concours des collectivités et en concertation avec tous ceux qui ont compris et qui savent aujourd'hui qu'il s'agit d'un enjeu national. (Applaudissements sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe La République En Marche.)

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