M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Boyer, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jean-Marc Boyer. Ma question s'adresse à M. le ministre délégué chargé des transports.
Les 17 millions d'habitants du territoire auvergnat et du Massif central se désespèrent d'être les enfants pauvres des mobilités de la République, au point que, sur une carte isochrone de la France, Marseille se retrouve au nord de Clermont-Ferrand pour le temps de trajet vers Paris.
Les ministres passent, et les trains sont toujours très en retard sur la ligne Clermont-Paris… Depuis de nombreuses années, de manière récurrente, des incidents et des retards importants pénalisent fortement la desserte de notre territoire auvergnat. Cette situation était déjà inadmissible ; elle devient aujourd'hui totalement incompréhensible et révoltante. Les retards ont été jusqu'à dix-sept heures au mois de juillet dernier !
Monsieur le ministre, comment pouvez-vous venir sur notre territoire et nous dire la même chose, mot pour mot, que votre prédécesseur voilà trois ans, sur l'aspect financier du problème, sur les travaux tant attendus ?
En effet, les améliorations nécessaires de la ligne n'avancent pas et le calendrier n'est pas respecté. Pire encore, vous exigez désormais une étude environnementale qui retardera encore les travaux de deux ans, alors qu'il manque déjà 130 millions d'euros pour l'électrification de la ligne.
Alors, monsieur le ministre, envisagez-vous de respecter le calendrier initial et les financements des travaux prévus pour 2025 ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des transports.
M. Clément Beaune, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports. Monsieur le sénateur Boyer, vous avez raison d'insister sur l'importance de cette ligne dite « d'équilibre du territoire ». Il est exact qu'elle a connu historiquement d'importantes difficultés ; vous avez rappelé un épisode particulièrement désagréable du mois de juillet dernier. J'avais eu alors un échange avec le maire de Clermont-Ferrand, ville dans laquelle je me suis rendu au mois de septembre.
Cette ligne est importante. C'est pourquoi l'État a engagé ces dernières années un effort absolument exceptionnel, qui est maintenu et déployé. Je veux rappeler qu'aucun autre projet, sinon une autre ligne d'équilibre du territoire de même importance, la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT), ne fait l'objet d'un tel investissement : l'État apporte 1,2 milliard d'euros pour la modernisation et la régénération du réseau et pour le renouvellement intégral du matériel roulant.
Je le confirme : les engagements seront tenus. C'était déjà le sens de ma visite à Clermont-Ferrand. Certes, je ne l'ai pas caché, des difficultés de calendrier se posent. L'Autorité environnementale a exigé une étude préalable. Ce n'est pas le Gouvernement qui en est responsable ; nous respectons simplement les procédures prévues par l'Autorité environnementale, qui s'imposent à nous tous. Je déplore que cela ajoute une procédure, mais il en est ainsi, et nous devons le respecter. Les délais supplémentaires qui découlent de cette décision de l'Autorité environnementale seront précisés ; je les partagerai en toute transparence d'ici à la fin de l'année. En revanche, ils n'empêcheront pas le déploiement de l'intégralité du nouveau matériel roulant.
La rénovation du réseau est en cours de réalisation. J'y insiste, nous tiendrons là aussi nos engagements et nous assurerons nos financements.
Un dernier point demeure, à la fois pour la ligne POLT et pour la ligne Paris-Clermont, lié à la situation industrielle que vous connaissez. Le renouvellement du matériel roulant est assuré par une entreprise, CAF, qui produit en France et qui connaît des difficultés industrielles, comme beaucoup d'entreprises. Je recevrai la semaine prochaine son PDG pour préciser les délais de livraison.
Vous avez relevé, en faisant un clin d'œil bienveillant à ma visite du 15 septembre à Clermont-Ferrand, que je n'y avais pas annoncé d'éléments nouveaux. Ma responsabilité est de tenir les engagements et de réduire les calendriers. Nous le ferons. Surtout, en attendant, je m'engage à améliorer la qualité de service. À cette fin, nous instaurerons un comité de suivi mensuel, à partir de la fin du mois d'octobre, qui réunira tous les élus intéressés, de toutes les sensibilités – j'espère que tout le monde y participera – pour améliorer le fonctionnement de cette ligne, qu'il s'agisse de connexions, de propreté, ou de sa régularité, qui s'est d'ailleurs améliorée depuis le début de l'année. Nous y sommes totalement engagés et je me rendrai de nouveau à Clermont-Ferrand avant la fin de l'année pour assurer ce suivi.
(Mme Patricia Schillinger applaudit.)
M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Boyer, pour la réplique.
M. Jean-Marc Boyer. Monsieur le ministre, votre réponse est décevante ; elle n'est pas à la hauteur des attentes du territoire. À ce désastre ferroviaire s'ajoute le désengagement d'Air France, qui a réduit la fréquence de ses vols pour Clermont-Ferrand de huit à trois allers-retours quotidiens. Quel mépris pour notre territoire, qui n'est pourtant pas à moins de deux heures de la capitale en train !
Le TGV Paris-Orléans-Clermont-Lyon doit donc redevenir une priorité pour l'avenir économique du Massif central, seul territoire non desservi par une ligne à grande vitesse. Le président de l'association TGV Grand Centre Auvergne, notre collègue Rémy Pointereau, y travaille très sérieusement.
Monsieur le ministre, face à ce constat désespérant, je vous le demande avec gravité : engagez avec tous les partenaires un véritable plan de désenclavement ferroviaire et aérien du centre de la France et du Massif central ! C'est un cri ; c'est une urgence ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Éric Jeansannetas applaudit également.)
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