M. le président. La parole est à M. Laurent Duplomb, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Laurent Duplomb. Je m'adresse à tous les ministres, tant le sujet nous concerne tous.
Savez-vous que la présidente de la Commission européenne a autorisé le 3 janvier dernier un nouvel aliment ? Savez-vous qu'il s'agit d'une farine partiellement dégraissée, incorporée dans de multiples recettes ?
Savez-vous que, depuis hier, vous pouvez trouver cette farine, sans information claire du consommateur, dans les pains, biscuits, sauces, plats transformés, pizzas, confiseries, pâtes, etc. ?
Enfin, savez-vous que cette farine partiellement dégraissée est faite avec des acheta domesticus entiers, broyés en poudre ?
Mesdames, messieurs les ministres, savez-vous ce qu'est l'acheta domesticus ?
(Rires et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Pierre Ouzoulias applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
M. Marc Fesneau, ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire. Oui, monsieur le sénateur : c'est un insecte.
(Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)
Pardonnez-moi de vous le rappeler, mais l'on se nourrit d'insectes dans plusieurs pays, et ce n'est pas nouveau : tous les goûts existent…
En effet, cet ingrédient a été autorisé par la Commission européenne. Pour autant, la réglementation européenne exige, monsieur le sénateur, que la nature du produit soit mentionnée sur l'emballage, en particulier en ce qui concerne les allergènes. Nous allons devoir nous montrer vigilants sur ce point.
Par ailleurs, nous travaillons à une harmonisation à l'échelle européenne, qui est toujours préférable à des décisions isolées prises par les États membres. Dans cette perspective, il convient de continuer à renforcer la surveillance sanitaire aux frontières européennes, mais aussi à l'échelon national, pour éviter que certains ne dérogent aux règles fixées par l'Union européenne, quel que soit le sujet, alimentaire, sanitaire ou autre, d'ailleurs.
Reconnaissons-le, les mesures prises visent plutôt à informer le consommateur et à le protéger, ainsi que, le cas échéant, l'environnement. Voilà à quoi nous devons nous atteler, sans nous limiter aux questions de distorsion de concurrence.
Sur ces sujets, mieux vaut œuvrer à l'échelon européen, monsieur le sénateur. Comme nous l'avons vu tout à l'heure, rien n'est pire que de prendre des décisions s'appliquant seulement sur le sol français.
Mme Sophie Primas. C'est comme pour l'énergie !
M. Marc Fesneau, ministre. La bataille est avant tout européenne. Voilà notre angle d'attaque.
M. le président. La parole est à M. Laurent Duplomb, pour la réplique.
M. Laurent Duplomb. Monsieur le ministre, comment en sommes-nous arrivés là, à devoir consommer des grillons, de la même famille que les sauterelles ou les criquets, alors que la France est le pays de la gastronomie et des terroirs ?
(Rires.)
Comment pouvez-vous laisser faire cela, alors que vous n'avez de cesse de parler d'une alimentation saine et durable, d'agroécologie et de circuits courts ?
Saine et durable, cette farine ne l'est pas ! Même la Commission européenne ne garantit pas l'absence de problème sanitaire, contrairement à ce que vous venez de dire !
Où est l'agroécologie, avec l'élevage hors sol de millions de grillons dans des bâtiments industriels ? Et que dire des circuits courts, alors que cette poudre de grillons est importée du Vietnam ?
Cette Commission européenne qui cède aux lobbies anti-viande et qui sape notre agriculture et notre culture gastronomique, je n'en veux plus !
Soutenons la farine de blé française, plutôt que la farine de grillons ! Soutenons le sucre français, plutôt que les insectes d'Asie ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Michelle Gréaume applaudit également.) Nous ne pouvons pas accepter de faire manger à leur insu des insectes aux Français !
J'invite ceux qui souhaitent manger des grillons, monsieur le ministre, à venir les manger directement dans mes prés : ils seront nature, entiers, non broyés et non transformés ! (Rires.) À tous les autres, je conseille de continuer à manger une bonne côte de bœuf ! (Bravo ! et applaudissements prolongés sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et CRCE. – Mme Angèle Préville applaudit également.)
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