Déposé le 18 mai 2021 par : M. Pointereau, Mme Pluchet, M. Hugonet.
Rédiger ainsi cet article :
Afin d’atteindre l’objectif de réduction de 13 % des émissions d’ammoniac en 2030 par rapport à 2005 et l’objectif de réduction de 15 % des émissions de protoxyde d’azote en 2030 par rapport à 2015, le Gouvernement présente au Parlement, dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la présente loi, un rapport analysant les conditions dans lesquelles l’Etat accompagne les secteurs économiques concernés, et en particulier le secteur agricole, pour une mise en conformité rapide à la trajectoire de réduction de ces émissions. Ce rapport établit un inventaire des pratiques agronomiques, des technologies et des outils d’aide à la décision et à l’exploitation, ainsi que la liste des financements publics destinés à la recherche, à l’acquisition de matériel, à la formation, à l’accompagnement et, plus largement, à toute démarche permettant la réduction des émissions d’ammoniac et de protoxyde d’azote, notamment à travers la promotion de l’utilisation raisonnée des quantités d’engrais azotés minéraux et celle du changement des pratiques culturales.
Cet amendement vise à accompagner le monde économique, et en particulier le secteur agricole, dans sa démarche de réduction des émissions d’ammoniac et de protoxyde d’azote conformément à l’article 63 du présent Projet de loi et dans une perspective d’« écologie de l’emploi, de l’innovation et de la croissance » prônée par Monsieur le Premier Ministre il y a moins d’un an dans une tribune dans la presse régionale.
En effet, le texte voté par l’Assemblée nationale ne semble pas conforme à cette ambition : Il indique que si ces objectifs énoncés par l’article 63 ne sont pas atteints pendant deux années consécutives, il est envisagé de mettre en place une redevance sur les engrais azotés minéraux. Dans le même temps, et dans un délai d’un an, il prévoit la publication d’un rapport pour définir les contours de ladite taxe. En d’autres termes, avant même de savoir si la réduction pourra être effective, la définition de la taxe serait enclenchée.
Pourtant, les techniques de réduction des émissions sont pour partie connues : l’enfouissement rapide, les engrais à libération progressive ou contrôlée, le recours à des inhibiteurs d’uréase pour l’urée ou la solution azotée, le chaulage des sols acides ou encore le drainage des sols hydromorphes… Aussi, la réécriture proposée vise à aider les représentants de la profession agricole à les diffuser, pour mener une transition pérenne du secteur, qui reposerait sur la recherche et sur le progrès.
De plus, il est paradoxal de souhaiter la garantie de revenus décents aux agriculteurs via la loi EGALIM tout en préparant une nouvelle taxation qui précipitera le monde agricole dans une baisse de revenu, lui empêchant d'investir dans le « mieux produire » pour atteindre les objectifs de réduction évoqués. La question qui est posée est donc la suivante : comment le Gouvernement compte-t-il accompagner le secteur dans une meilleure utilisation de l'azote visant à réduire les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES), en lieu et place d’une future redevance qui contraindra la production et limitera d’ailleurs la captation des émissions. Il convient également de rappeler que la redevance renforcerait des distorsions de concurrence déjà existantes : en 2020, un agriculteur américain paye 65 centimes d’euros l’unité d’azote pour l’urée contre 92 centimes pour un agriculteur français.
Dans ce contexte, cet amendement revient sur le projet de taxation en proposant que le rapport du Gouvernement au Parlement publié dans un délai d’un an analyse les conditions dans lesquelles l’Etat accompagne les secteurs économiques concernés pour une mise en conformité rapide à la trajectoire de réduction de ces émissions définie à l’article 63.
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