Déposé le 1er mars 2023 par : Mmes Poncet Monge, Mélanie Vogel, MM. Benarroche, Breuiller, Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi, Salmon.
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Les réformes des retraites s'enchaînent, obligeant toujours plus les séniors à travailler, afin de toucher une retraite décente.
L’urgence n’est pas de les faire travailler toujours plus ( pour espérer toucher une pension qui leur permettra de survivre durant leurs années de retraites ) après une vie de labeur et d’épuisement, mais d'augmenter véritablement les pensions de retraites, et de permettre de partir dès 60 ans, pour profiter d’années de repos en bonne santé.
En 2021, 16, 7% des personnes âgées de 62 ans se retrouvaient dans un sas de précarité, “ni en emploi, ni en retraite”. Parmi elles, 3% étaient au chômage et 13, 7% en inactivité, dépendants alors soit du revenu de solidarité active (RSA), soit d’une pension d’invalidité ou du revenu d’un ou d’une conjointe. Ces seniors ni en emploi, ni en retraite, sont majoritairement des femmes selon la DRESS. La situation concerne également davantage certaines catégories professionnelles : en 2019, à 61 ans, un quart des employés et un tiers des ouvriers n’étaient ainsi ni en emploi ni en retraite.
Aux portes de la retraite à 61 ans, selon la DARES seuls 42, 3% des seniors sont en emploi, 4% sont au chômage, mais 24, 5% sont inactifs. Si l’on affine par catégorie socio-professionnelle, on constate que les catégories populaires sont nettement plus nombreuses à être « ni en emploi, ni en retraite ». Selon Michael Zemmour : en 2019, à 61 ans le taux d’emploi des ouvriers est seulement de 28 % tandis que le taux d’ouvriers ni en emploi ni en retraite est de 35 % et 37% sont en retraite anticipée. Selon la DREES en 2015, « 1, 4 million de personnes âgées de 53 à 69 ans résidant en France métropolitaine, soit 11 % des personnes de cette tranche d’âge, ne perçoivent ni revenu d’activité ni pension de retraite, qu’elle soit de droit direct ou de réversion.» En conséquence, ces seniors ni en emploi ni en retraite sont particulièrement touchés par la pauvreté. Avec un niveau de vie médian de 1 270 euros par mois, le taux de pauvreté des seniors ni en emploi ni en retraite atteint 32 %, contre 7 % pour les seniors en emploi ou à la retraite. A cet âge-là, les retraités ne peuvent plus continuer à travailler, ou ont été sortis du marché de l’emploi, les plongeant dans la précarité, jusqu'à qu’ils puissent prendre leur retraite, avec des délais qui ne cessent de s’allonger.
Si le gouvernement estime que la nouvelle réforme des retraites va permettre à 300 000 seniors supplémentaires de se maintenir en emploi, cet effet serait contrebalancé. À partir de travaux de la Drees et de la Dares, Michaël Zemmour estime en effet à 200 000 le nombre de personnes supplémentaires qui seraient maintenues dans le sas de précarité entre emploi et retraite en cas de report de l’âge légal de la retraite à 64 ans. Soit une hausse de 60 000 du nombre d’allocataires de minima sociaux, et de 80 000 du nombre de chômeurs indemnisés (hors effet de la nouvelle réforme de l’assurance chômage). Si l’on ajoute les personnes sans aucune prestation sociale, la réforme maintiendrait de l’ordre de 150 000 à 200 000 personnes dans le sas de précarité entre l’emploi et la retraite, pour une hausse de l’emploi des seniors estimée autour de 300 000.
Le développement de dispositifs de transition vers la retraite ne fait que pousser les travailleurs à continuer de travailler toujours, dans une logique productiviste, qui use toujours plus les corps, en faisant miroiter une meilleure retraite.
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