Interventions sur "bien-être"

22 interventions trouvées.

Photo de Marie-Christine ChauvinMarie-Christine Chauvin, rapporteur :

La commission s'étant prononcée la semaine dernière pour le rejet de l'ensemble du texte, je propose par cohérence d'émettre un avis défavorable sur les trois amendements de séance. Les auteurs de l'amendement n° 1 sollicitent la remise au Parlement d'un rapport sur les démarches engagées en faveur du bien-être animal. Cette demande est pertinente en soi. Mais le Gouvernement peut très bien remettre un tel rapport indépendamment de la présente proposition de loi. L'amendement n° 2 concerne les aides aux mesures de soutien et d'accompagnement psychologique des agriculteurs et acteurs de l'abattage. Là encore, il n'est pas nécessaire d'adopter cette proposition de loi pour que le Gouvernement s'exprime ...

Photo de Franck MontaugéFranck Montaugé :

Il est toujours douloureux de s'entendre dire que ses amendements sont pertinents, mais qu'ils seront rejetés... Le Gouvernement s'est engagé à agir en faveur du bien-être animal, mais, à mon sens, il n'a quasiment rien fait. Les professionnels ont un intérêt moral et économique à ce que l'on fasse connaître leurs efforts en la matière. Les consommateurs sont devenus très sensibles sur le sujet. La question du bien-être animal dans les élevages ne peut pas être dissociée de celles du bien-être des éleveurs et du devenir de nos territoires, qui sont en grande diff...

Photo de Joël LabbéJoël Labbé :

... vous ne rejetiez pas en bloc ce texte, qui est très mesuré, nous pourrions avoir un vrai débat, dans l'intérêt des éleveurs. Le modèle d'élevage est à bout de souffle. Nos concitoyens réclament moins de concentration et une viande de meilleure qualité. Nous ne voulons absolument pas supprimer l'élevage ; nous voulons un élevage axé sur la qualité et l'emploi agricole, avec, pour corollaire, le bien-être animal, qui est une absolue nécessité. Quand je vois les élevages industriels de poulets, par exemple dans le Morbihan, je me dis que faire travailler ainsi les éleveurs n'est vraiment pas leur rendre service.

Photo de Laurent DuplombLaurent Duplomb :

Dans cette discussion, on mélange tout. Certes, lorsque les auteurs de l'amendement n° 1 indiquent vouloir mieux prendre en compte à la fois le bien-être animal et le bien-être des éleveurs, c'est séduisant. Mais, à l'article 1er, il est indiqué que les animaux doivent être élevés en extérieur. C'est impossible. Comment pourrais-je élever en plein air les quinze taurillons de mon exploitation ? Notre collègue Joël Labbé dénonce non pas le travail des agriculteurs, mais l'intégration qui mène à une concentration agricole. Mais regardons objective...

Photo de Daniel SalmonDaniel Salmon :

Je trouve très regrettable que vous rejetiez en bloc cette proposition de loi alors que nous partageons un certain nombre de constats. Le texte est effectivement minimaliste. Il n'était pas possible de tout y faire figurer. Mais l'important est de savoir où nous en sommes. Nous constatons tous la souffrance des agriculteurs. Nous avons essayé de combiner le bien-être des animaux et celui des agriculteurs. Nous savons que les deux ne sont pas indissociables ; ils sont même liés. Les trois amendements me semblent aller dans le bon sens. Le texte n'est ni stigmatisant ni passionnel ; il est le plus équilibré possible.

Photo de Fabien GayFabien Gay :

Nous touchons aux limites de l'exercice consistant à réserver des niches à l'examen de propositions de loi des groupes d'opposition ou minoritaires. Le débat sur le bien-être animal traverse la société, toutes tendances politiques confondues. Le texte est mesuré. Il prend en compte toutes les dimensions du problème : bien-être animal, transition agricole, accompagnement des agriculteurs et des éleveurs, etc. Il ne s'agit pas d'écologie punitive. Les trois amendements vont dans le bon sens. Compte tenu des manoeuvres actuelles du Gouvernement, je pense que cela aurait ...

Photo de Marie-Christine ChauvinMarie-Christine Chauvin, rapporteur :

Il serait effectivement souhaitable de faire connaître l'action des éleveurs en faveur de l'amélioration du bien-être animal. Tous ceux que nous avons auditionnés ont souligné leur engagement dans une démarche qualité. L'immense majorité des éleveurs s'inscrit dans cette perspective, et les autres, qui sont une infime minorité, sont soumis à des contrôles. Encore une fois, nous partageons sur le fond les objectifs des auteurs des amendements. C'est un simple souci de cohérence qui nous conduit à nous prononcer...

Photo de Esther BenbassaEsther Benbassa, auteure de la proposition de loi :

Je me réjouis de participer à votre commission, pour vous présenter cette proposition de loi pour laquelle nous avons fait de nombreuses auditions avec votre rapporteure, ce dont je la remercie. Ce texte conjugue le bien-être animal et celui de l'agriculteur, il promeut l'agriculture, une agriculture paysanne. Nous y avons beaucoup travaillé depuis dix-huit mois pour parvenir à cet équilibre, nous l'avons modifié pour lui donner ses chances d'aboutir, afin de faire cesser ce que l'on voit dans l'élevage industriel, chacun de nous sait ce qu'il en est de la condition animale. L'article 1er vise à faire évoluer les mod...

Photo de Marie-Christine ChauvinMarie-Christine Chauvin, rapporteure :

... l'esprit qu'il faut être à l'écoute de nos éleveurs. Lors de nos auditions, tous nous ont affirmé ne pas comprendre pourquoi ils sont toujours cloués au pilori, sans que leurs efforts ne soient valorisés, en particulier ceux qu'ils font pour lutter contre la maltraitance animale, qui concerne une partie infinitésimale des éleveurs et qui relève de comportements délictueux. On parle beaucoup de bien-être animal et à raison. Mais nous parlons insuffisamment du bien-être des éleveurs, M. Cabanel et Mme Férat nous l'ont très bien expliqué. Le bien-être animal, c'est tous les jours en agriculture ! Il y a quelques anomalies, des exemples existent, mais comme dans toute profession. Mais, tous les jours, des progrès sont réalisés par nos éleveurs pour améliorer les conditions d'élevage de nos animaux...

Photo de Esther BenbassaEsther Benbassa, auteur de la proposition de loi :

...nsensuel, nous l'avons conçu avec des agriculteurs que nous avons auditionnés, j'ai rencontré des agriculteurs, je pense à une ferme près de Saint-Etienne, qui m'ont démontré qu'un abattage de proximité et un élevage éthique étaient possibles et que c'est même grâce à une transition vers ce type d'élevage, qu'il était devenu possible à l'agriculteur de prendre des vacances et même de recruter. Le bien-être animal, ensuite, on ne peut le limiter à une partie seulement de l'élevage et aux seuls animaux domestiques. Nous avons besoin d'un objectif à atteindre, les dirigeants de filières ont convenu qu'ils devront y venir, vous les avez entendus comme moi - avec ce texte, nous voulons les aider à aller de l'avant, dans le dialogue. Je vous remercie pour votre écoute, et je ne doute pas que l'avenir s...

Photo de Marie EvrardMarie Evrard :

...isation des abattoirs également. J'ai visité l'abattoir de la coopérative Sicarev à Migennes, dans l'Yonne, l'un des huit abattoirs de la région Bourgogne-Franche-Comté retenus dans le cadre du plan France relance, et j'y ai constaté les engagements très concrets comme la mise en place d'équipements de confort et de surveillance. Les agriculteurs ont pris la mesure de cette nouvelle exigence du bien-être animal, il faut les soutenir et les encourager à aller plus loin dans ce sens plutôt que de leur imposer de nouvelles obligations, c'est pourquoi ce texte ne nous paraît pas aller dans le bon sens.

Photo de Henri CabanelHenri Cabanel :

Le sujet est important et je remercie Mme Benbassa d'avoir parlé aussi du bien-être des éleveurs, c'est d'autant plus crucial que la période est très difficile pour les agriculteurs en général. Le contexte est difficile, on compte deux départs à retraite pour une arrivée, il y a un problème de rentabilité évidente, et finalement de souveraineté alimentaire. Les agriculteurs s'adaptent à la volonté de la société, ils s'acheminent vers une agriculture vertueuse, plus respectueuse ...

Photo de Joël LabbéJoël Labbé :

.... Il faut un certain temps pour le changement, certes, mais il y a urgence. Je suis ulcéré par les dimensions prises par l'élevage industriel : dans le Morbihan, un élevage compte 172 800 poulets, une représentante de la profession nous dit qu'à 80 000 poulets, on ne rémunère qu'un mi-temps : mais où va-t-on ? Il faut s'en sortir par le haut, nous n'y parviendrons qu'en travaillant aussi sur le bien-être animal. Les abattoirs étaient autrefois assimilés à un service public, avec un maillage territorial suffisant pour une proximité, désormais il faut déplacer les animaux. Nous devons revenir à un abattage de proximité, il y a des expérimentations d'abattage à la ferme qui fonctionnent bien. J'ai suivi notre groupe de travail « Agriculteurs en situation de détresse », il y a un lien entre les pra...

Photo de Laurent DuplombLaurent Duplomb :

Je crois, pour commencer, qu'il y a sur le sujet un problème de langage, parce qu'on confond bien-être et maltraitance animale : la société s'émeut sur des images et des témoignages qui montrent de la maltraitance, et on ne parle pas de tous les progrès accomplis pour le bien-être animal. La maltraitance est condamnée, elle relève d'ailleurs non pas d'un seul type d'exploitation, mais se rencontre à toutes les échelles - j'ai vu en Haute-Loire des élevages de 20 vaches où les animaux étaient maltr...

Photo de Daniel SalmonDaniel Salmon :

...griculteurs vivent mieux. Car s'il y a des problèmes de recrutement dans l'agriculture, ce n'est pas d'abord parce que le travail y est dur, intense, mais parce qu'il n'y est pas suffisamment rémunérateur, on ne surmontera ce problème qu'en changeant les mécanismes. Nous savons bien, aussi, que les agriculteurs n'aiment pas voir les animaux souffrir et qu'ils sont, en réalité, pour les mesures de bien-être animal. Laurent Duplomb va trop loin dans son interprétation, je suis pour l'élevage, même si on peut penser qu'on a beaucoup de nourriture carnée, mais je suis pour le respect du bien-être animal, qui forme un ensemble, de la naissance à l'abattoir - il faut tout prendre en considération. La maltraitance suppose l'intention, alors que le bien-être, c'est un ensemble dont toutes les parties son...

Photo de Daniel GremilletDaniel Gremillet :

...n agriculteur en pleurs devant l'animal qu'il vient de perdre, on ne raconte pas la vie de tous ceux qui font tout ce qu'ils peuvent pour soigner leurs bêtes - alors que ce quotidien existe, il est dur à entendre, mais c'est la réalité des fermes. On veut faire mieux, ça se comprend, mais regardons où nous en sommes par rapport à nos voisins : je suis convaincu que nous sommes loin devant pour le bien-être animal, il faut le voir pour prendre les mesures adéquates.

Photo de Franck MontaugéFranck Montaugé :

... les enjeux de l'élevage en France, en particulier les conséquences de la réforme de l'unité gros bétail (UGB) sur le cheptel bovin, j'espère que le Gouvernement saura défendre les éleveurs. Il faut reconnaître les progrès accomplis et le chemin qui reste à parcourir. Je suis opposé à la disparition de l'élevage et je suis convaincu que les éleveurs ont intérêt à valoriser la prise en compte du bien-être animal ; il faut les y aider, par des mécanismes adaptés. Enfin, je souscris au parallèle entre le bien-être animal et le bien-être humain des éleveurs. Nous prendrons position sur ce texte en séance plénière.

Photo de Anne-Catherine LoisierAnne-Catherine Loisier :

L'intitulé de cette proposition de loi sous-entend que la majorité des éleveurs ne se soucieraient pas du bien-être animal et que l'élevage n'aurait aucune éthique, il culpabilise les éleveurs en faisant comme s'ils entretenaient des pratiques de maltraitance alors qu'en réalité, les choses évoluent rapidement, comme dans tous les secteurs d'activité. Ensuite, en ajoutant des contraintes, des obligations, on prend toujours le risque qu'elles soient contournées, et que le marché préfère importer des produits qu...

Photo de Pierre LouaultPierre Louault :

...Il faudrait comparer la condition animale et la condition humaine sur plusieurs décennies. Depuis soixante ans que j'ai vu la situation dans des fermes, je peux dire que les choses se sont beaucoup améliorées : j'en ai vu alors, des brutes avec les animaux, des conditions qui passaient pour normales et qui choqueraient de nos jours ! Aujourd'hui, un éleveur est heureux si ses animaux sont dans le bien-être. On se focalise sur des paysans acculés à la faillite, à la dépression et qui se mettent à maltraiter leurs animaux. Mais regardez les humains, qui, il y a cent ans, étaient proches des animaux, qui élevaient des lapins, des poules, parfois un cochon et qui, aujourd'hui, ne cultivent quasiment plus rien par eux-mêmes. Et à imposer toujours plus de normes, on avantage toujours plus l'industrialisa...

Photo de Olivier RietmannOlivier Rietmann :

...êmes. Cette proposition est empreinte de contre-vérités. Je suis vice-président d'une coopérative de transport et je peux vous assurer que la durée du transport n'est pas en elle-même un problème pour les animaux, toutes les études montrent que le stress se produit au chargement et au déchargement et que la durée n'est pas un facteur important dès lors que le camion est équipé ; pour améliorer le bien-être animal dans le transport, il vaut donc mieux agir pour la formation des bouviers, des chauffeurs, plutôt que d'obliger à réduire la durée du transport, ce qui a bien d'autres conséquences. Ensuite, les abattoirs sont soumis à des contraintes sanitaires si poussées que les petits établissements n'ont pas les moyens de suivre et qu'on assiste alors à une concentration du secteur, qu'on déplore au...