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...appuyer sur le plein respect des principes fondamentaux de la Charte. Plus généralement, et partout sur le continent, la France met sa diplomatie au service de la paix. C’est notamment le cas en Afrique de l’Ouest, où les pays du Sahel et du golfe de Guinée font toujours face à une importante menace terroriste. Je laisserai le soin au ministre des armées de revenir plus en détail sur les aspects militaires de notre action. Au Soudan, nous sommes en contact avec les deux parties au conflit, ce qui nous a permis en avril dernier d’évacuer les Français désireux de quitter Khartoum ainsi que de très nombreux ressortissants étrangers. Nous devons aussi convaincre les belligérants de renouveler la trêve, de la rendre effective, et de rechercher une nécessaire solution politique. Dans la région des Gra...
Monsieur le président, monsieur le président de la commission des affaires étrangères et des forces armées, mesdames, messieurs les sénateurs, je reviendrai plus précisément sur la situation sécuritaire et, par là même, sur la question de la présence militaire française sur le continent africain. Mme la ministre de l’Europe et des affaires étrangères l’a dit, l’Afrique étant un continent, les situations sécuritaires et d’organisation de nos forces armées sont aussi diverses que nous y avons de partenaires. Je commencerai par évoquer cinq points, avant de laisser la place au débat puis de répondre à vos interrogations, commentaires et réflexions. Pre...
... tentés de le relativiser, de n’y voir qu’un effet de loupe créé par quelques milliers d’activistes ou de désinformateurs aux motivations douteuses. Ce serait une erreur, car le phénomène est devenu incontournable. Il a joué un rôle majeur dans le départ contraint de nos armées du Mali, du Burkina Faso ou de République centrafricaine. Le constat est cruel : malgré l’engagement remarquable de nos militaires contre le terrorisme islamiste et le sacrifice de cinquante-trois d’entre eux, dont le souvenir est présent dans tous nos cœurs, jamais la France n’a été, dans ces pays comme dans d’autres, aussi critiquée et, parfois, rejetée. Ce ressentiment plonge bien sûr ses racines dans la colonisation et dans certains errements de la période post-coloniale. Mais il tient aussi au fait que, tout simplemen...
...e 1 %. Quelle perte d’influence par rapport à nos partenaires ! Il faut compléter cette approche en incitant et en accompagnant bien davantage nos entreprises à s’implanter, à investir et à commercer avec le continent. Car c’est aussi comme cela que nous répondrons aux préoccupations des Africains, souvent d’ordre économique. Enfin, reste la question centrale, structurante, de notre coopération militaire. Une opération comme Barkhane, malgré ses succès indéniables, que vous avez eu raison de souligner, monsieur le ministre, constitue peut-être une anomalie de par sa durée particulièrement longue. Faute de progrès sur la solution politique, la France s’est trouvée exposée en première ligne pendant des années, vulnérable à la propagande des Russes, de Wagner et de tous ceux qui ont intérêt à notre ...
...le à ce débat sur la politique de la France en Afrique, mais nous l’aurions souhaité sous une autre forme que cet échange extrêmement formel, qui ne nous permet pas d’exercer pleinement notre rôle de parlementaire. Il intervient dans un contexte particulièrement douloureux de déclin relatif de l’influence de la France sur le continent africain, marqué par le rejet spectaculaire de notre présence militaire au Mali et au Burkina Faso. Pour beaucoup, c’est apparu comme un révélateur, mais nous savons que les causes sont bien plus lointaines. Alors que, dans les années 1990, le continent était abandonné, il est désormais courtisé par de nombreux pays : la Russie, bien sûr, et la Chine, depuis plus longtemps, sans oublier les États-Unis, le Japon, la Turquie ou les Émirats arabes unis. Tous ont dével...
... s’abstenant de considérer ce continent comme un libre-service, une réserve de richesses et de matières premières rares ou comme une menace devant laquelle il faudrait se barricader. Nous ne sommes plus le gendarme de l’Afrique. Ce temps est révolu, il nous faut changer de modèle. Le Président de la République l’a affirmé : l’influence de la France ne se mesurera plus au nombre de nos opérations militaires ni à celui de nos bases. Il préconise la réduction de l’empreinte directe de nos armées au profit d’un soutien aux forces de sécurité de la région. Vous avez d’ailleurs insisté sur ce sujet, monsieur le ministre. Cela signifie-t-il que nous entrons dans une phase de repli ? Allons-nous continuer de nous mobiliser contre le djihadisme, qui touche désormais des pays qui avaient su s’en prémunir j...
...ys les moins démocratiques du continent, qui abritent les plus anciens autocrates ou leurs dynasties. Il semble que la realpolitik le rattrape toujours. Nous ne lui reprochons pas de pratiquer cet exercice, afin de maintenir l’influence de la France, car nous mesurons combien la tâche est difficile. Ce que nous condamnons, c’est le double langage. Ainsi, quand la France accepte le pouvoir militaire au Tchad, mais le condamne au Mali, notre pays perd toute crédibilité. Nous ne pouvons défendre des valeurs à géométrie variable. Nous devons aussi nous montrer plus attentifs aux tragédies qui touchent le continent : crimes de guerre, crimes contre l’humanité, en Éthiopie, au Soudan ou en République démocratique du Congo (RDC). Les pénuries alimentaires constituent autant de tragédies. En rais...
...soi-disant experts se répandent, est ressenti comme une faiblesse sur ce continent. De grandes entreprises françaises sont l’objet de violentes attaques de la part de représentants d’ONG soutenues par leurs concurrents. Nous avons peut-être perdu une bataille dans la guerre informationnelle l’an dernier au Sahel, mais nous n’avons pas perdu la guerre. Vous avez raison, monsieur le ministre : les militaires de l’opération Barkhane ont été irréprochables. Ils sont notre fierté. Anti-Français, les Africains ? Expliquez-moi pourquoi les demandes d’inscription pour étudier en France battent des records. L’Algérie en est à 53 000 ; elle dépasse pour la première fois le nombre de demandes marocaines, qui est d’environ 30 000. Au Togo, après une hausse de 73 % sur la période 2016-2021 et de 68 % en 2022,...
...s groupes terroristes au Sahel. Beaucoup s’en rendent compte dans les pays avoisinants en voyant la menace progresser. Pour la première fois depuis dix-sept ans, le chef d’état-major algérien s’est rendu en France. Il faut savoir que 93 % des ressources algériennes proviennent du Sud algérien. Comment les Algériens analysent-ils la situation sécuritaire au Sahel et envisagent-ils une coopération militaire ? Le terrorisme islamiste en Afrique est le visage du crime international organisé, structuré, à l’image des gangs criminels que j’ai observés en Amérique latine. Il se drape dans un militantisme religieux pour légitimer les recrutements. Au Brésil, des milices ont été créées pour protéger des quartiers et lutter contre les gangs. Les habitants doivent alors se plier aux règles de la milice et ...
...s entre 2005 et 2012. Toutefois, en 2021 et 2022, le nombre d’actes de piraterie et de brigandage maritime a diminué de façon significative au niveau mondial, avec une baisse de 15 % par rapport à 2020, selon le MICA Center, pour Maritime Information Cooperation & Awareness Center, basé à Brest. Face à la persistance du phénomène, quelle stratégie adopter ? La présence des bâtiments militaires de l’Otan a permis une diminution notable des actes de piraterie, mais les eaux africaines présentent encore des dangers. Passons à l’influence grandissante de la Russie et de la Chine en Afrique. Nous devons reconnaître que la présence et l’influence de la France sur ce continent ne sont plus ce qu’elles étaient, et ce depuis une quinzaine d’années. Nous avons été témoins, en mai 2022, des slo...
...adies endémiques, insécurité, corruption des élites, migrations forcées. La jeunesse africaine ne veut plus de tout cela ! Quand allons-nous comprendre que le rejet de la politique française trouve ici ses racines profondes et qu’il ne peut être réduit au succès d’influences russes, turques, chinoises ou de qui sais-je encore ? Quand tirerons-nous vraiment les leçons des dizaines d’interventions militaires françaises en Afrique, dont la dernière, Barkhane, est en vérité un échec politique lourd de conséquences ? Notre politique reste à mille lieues des exigences populaires dans les pays africains en faveur d’une vraie souveraineté, d’une deuxième indépendance comme ils disent, exigences qu’ils expriment concrètement de plus en plus souvent. Vous ne comblerez pas ce fossé en lançant un média de p...
...ado. Le premier partenaire commercial de l’Afrique est désormais la Chine. Le poids de la France ne cesse de s’amenuiser à mesure que d’autres puissances prennent leur essor. C’est une réalité à laquelle nous devons nous adapter. Cette réalité est aussi composée de nouvelles amitiés. Ainsi, tout comme l’Afrique du Sud, l’Algérie ne cache plus sa proximité avec Moscou : elle a mené des exercices militaires avec l’armée de Poutine et refuse dans le même temps de délivrer des laissez-passer consulaires, nécessaires au retour des Algériens expulsés par la France. Elle n’est pas la seule à s’être égarée. Après plusieurs putschs, le Mali s’enfonce dans la crise, préférant répondre par la force aux carences de son État. Ce ne sont là que quelques exemples. Ils sont autant de signes d’une tendance qui v...
...cophonie. Restons humbles et, grâce à des échanges mutuels dépoussiérés des vieux démons, essayons d’orienter toutes nos politiques de coopération sous l’angle de la coproduction. C’est sans doute ce qu’attendent les nouvelles générations, qui veulent prendre en main leur propre développement et qui ont, à notre égard, des aspirations égalitaires plus prégnantes. Cela est aussi vrai sur le plan militaire : nos accords de coopération doivent mettre davantage l’accent sur les aides à la formation et sur l’équipement des armées locales. L’envoi de troupes doit être le dernier recours ou doit se fondre dans une alliance équilibrée. Cela ne doit pas empêcher pour autant le maintien de nos bases militaires, essentielles à notre stratégie de défense, ainsi que l’échange de renseignements avec nos parte...
Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le ministre, mes chers collègues, le 9 novembre 2022, le Président de la République a annoncé la fin de l’opération Barkhane, près de dix ans après le déploiement de l’armée française au Mali. Dix ans de présence au Sahel et un seul vote du Parlement, en 2013… Depuis, malgré les évolutions militaires considérables qu’ont connues les différentes opérations au Sahel, pas une seule fois le Parlement n’a pu exprimer son avis. Toutes les décisions ont été prises de manière unilatérale au sommet de l’État, même si vous nous avez fait la grâce d’un débat sur la possibilité d’un retrait français du Mali en février 2022 et que vous nous faites la grâce de celui-ci. La politique africaine de la France...
...-France en 2021 et la tournée en Afrique centrale en 2023, nous avons remarqué que le Président de la République était très engagé publiquement dans la politique étrangère de la France en Afrique. Par votre déclaration de ce jour, vous nous confirmez l’importance de cette question pour l’exécutif. Néanmoins, malgré cet investissement de votre temps, de notre argent et de nos coopérants civils et militaires, depuis plusieurs années, la défiance s’accentue, la francophobie progresse et nous perdons en influence sur tout le continent africain, pourtant le plus francophone de tous. De cela, vous êtes en partie responsables. En relayant le postulat culpabilisateur qui repose sur le mythe du pillage colonial, vous sabordez les efforts concertés de notre politique d’influence. Ce n’est pas le cas des au...
...lontiers que nous répondons à vos diverses interpellations. Mme Colonna a tout dit ; je ne ferai que réagir sur quelques points qui m’ont marqué dans les différentes interventions. À première écoute, tous les orateurs posent un constat similaire. De fait, ce n’est pas le constat qui est le plus difficile à établir, surtout quand l’histoire est faite et terminée – je pense notamment aux affaires militaires et aux sujets liés à l’opération Barkhane. En revanche, quand on creuse un peu, on s’aperçoit quand même que les conclusions de chacun sont très différentes quant à l’approche que devrait adopter la politique française en Afrique. Cette divergence de vues est d’ailleurs saine pour la démocratie : si M. Gontard s’interroge sur la confiscation du débat politique, parlementaire, sur ces sujets, po...
Je dis juste que Takuba, de ce point de vue, a fonctionné. C’est aussi le cas si l’on en examine les résultats de près – je suis prêt à y revenir devant votre commission des affaires étrangères, si vous m’y invitez. Ainsi d’opérations militaires très précises menées avec le timbre de Takuba contre des groupes terroristes armés : le chef d’état-major des armées pourra vous expliquer lors d’une prochain audition que ces opérations ont bien fonctionné. Au-delà de Takuba, il existe d’autres missions européennes qui n’ont pas été abordées dans la discussion. L’opération Atalante mérite pourtant d’être mentionnée au cours d’un débat de trois...
... tentés de le relativiser, de n'y voir qu'un effet de loupe créé par quelques milliers d'activistes ou de désinformateurs aux motivations douteuses. Ce serait une erreur, car le phénomène est devenu incontournable. Il a joué un rôle majeur dans le départ contraint de nos armées du Mali, du Burkina Faso ou de République centrafricaine. Le constat est cruel : malgré l'engagement remarquable de nos militaires contre le terrorisme islamiste et le sacrifice de cinquante-trois d'entre eux, dont le souvenir est présent dans tous nos cœurs, jamais la France n'a été, dans ces pays comme dans d'autres, aussi critiquée et, parfois, rejetée. Ce ressentiment plonge bien sûr ses racines dans la colonisation et dans certains errements de la période post-coloniale. Mais il tient aussi au fait que, tout simplemen...
...e 1 %. Quelle perte d'influence par rapport à nos partenaires ! Il faut compléter cette approche en incitant et en accompagnant bien davantage nos entreprises à s'implanter, à investir et à commercer avec le continent. Car c'est aussi comme cela que nous répondrons aux préoccupations des Africains, souvent d'ordre économique. Enfin, reste la question centrale, structurante, de notre coopération militaire. Une opération comme Barkhane, malgré ses succès indéniables, que vous avez eu raison de souligner, monsieur le ministre, constitue peut-être une anomalie par sa durée particulièrement longue. Faute de progrès sur la solution politique, la France s'est trouvée exposée en première ligne pendant des années, vulnérable face à la propagande des Russes, de Wagner et de tous ceux qui ont intérêt à notr...
...le à ce débat sur la politique de la France en Afrique, mais nous l'aurions souhaité sous une autre forme que cet échange extrêmement formel, qui ne nous permet pas d'exercer pleinement notre rôle de parlementaire. Il intervient dans un contexte particulièrement douloureux de déclin relatif de l'influence de la France sur le continent africain, marqué par le rejet spectaculaire de notre présence militaire au Mali et au Burkina Faso. Pour beaucoup, c'est apparu comme un révélateur, mais nous savons que les causes sont bien plus lointaines. Alors que, dans les années 1990, le continent était abandonné, il est désormais courtisé par de nombreux pays : la Russie, bien sûr, et la Chine, depuis plus longtemps, sans oublier les États-Unis, le Japon, la Turquie ou les Émirats arabes unis. Tous ont dével...