Intervention de Daniel Dubois

Réunion du 25 septembre 2012 à 14h30
Création des emplois d'avenir — Article 1er

Photo de Daniel DuboisDaniel Dubois :

Mon intervention se justifie par le problème de cohérence que je décèle dans cet article.

Messieurs les ministres, le public que vous voulez toucher est en grande difficulté. Vous ciblez donc également des territoires qui sont malheureusement marqués par cette caractéristique.

Ainsi, le dispositif proposé s’apparente tout à fait à la partie insertion du RSA. Il touche les mêmes publics. L’examen du parcours permettant à ces personnes en difficulté de retrouver un emploi fait apparaître – et les présidents de conseil général ici présents le savent bien – que le parcours d’insertion commence généralement par une resocialisation. La deuxième phase de ce parcours correspond à la reprise d’une formation de base. La troisième consiste en un contact avec l’entreprise, généralement dans le cadre de Chantier école. Enfin, la dernière phase est éventuellement le retour à l’emploi.

Je suis donc extrêmement surpris, car le présent dispositif revient à faire s’engager le public visé dans la dernière phase, sans passer par celles qui la précèdent !

Le texte pose donc un problème de cohérence, au point que l’on est en droit de se demander si la volonté du Gouvernement n’est pas de trouver, par tous les moyens, un système permettant d’occuper des personnes qui sont réellement, c’est vrai, dans la difficulté.

Comment ce texte s’inscrit-il dans le parcours d’insertion, dont la responsabilité incombe aujourd’hui aux départements et aux régions, notamment à travers les formations devant être mises en place au cours des phases que je viens d’évoquer ?

Une deuxième question se pose. Si l’on veut que ces jeunes en situation difficile mettent un pied dans l’entreprise, je suis au regret de vous dire, messieurs les ministres, qu’il faut permettre à cette dernière d’avoir un contact avec eux ! Je ne pense pas que la bonne solution consiste à faire travailler ces jeunes dans des associations, des établissements publics ou des collectivités. À mon sens, c’est bien plutôt par un réel contact avec l’entreprise et l’entrepreneur que le but sera atteint. C’est là où le tutorat a son importance. Cette notion devrait être ajoutée dans le présent texte.

Messieurs les ministres, on peut parfaitement comprendre l’objectif de création de 150 000 contrats d’avenir, puisque près de 500 000 jeunes connaissent de réelles difficultés. Mais, tout à l’heure, je vous ai cité l’exemple des 25 jeunes que nous avions embauchés en emplois jeunes, à l’époque où je dirigeais une entreprise. Je les ai tous vus personnellement. Malheureusement, au bout de deux ans, alors que j’avais promis de les titulariser tous, un seul a pu bénéficier d’un CDI.

Je pose donc clairement la question de l’objectif que vous poursuivez par le présent texte. Son objectif est-il simplement d’afficher un nombre de contrats et d’éventuelles embauches qui, à mon sens, ne dureront pas ? Ou bien est-il de former ces jeunes et de leur offrir ainsi une réelle chance de s’insérer dans la société ? Permettez-moi d’en douter. C’est la raison pour laquelle une grande partie de notre groupe s’abstiendra sur cet article.

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