Je vais tenter une dernière fois de vous faire partager mes inquiétudes.
Nous nous prononçons sur un dispositif d’urgence, mais nous pensons, vous l’avez compris, que cela ne doit pas nous conduire à faire l’économie de garanties minimales pour les jeunes étudiants puisqu’il s’agit de leur donner les moyens d’aller jusqu’au concours et de le réussir. L’objectif assigné aux emplois d’avenir professeur est en effet de revivifier le recrutement des enseignants, en sécurisant les parcours universitaires des étudiants se destinant au professorat, en intensifiant leur professionnalisation et en préservant la diversité d’origine sociale du corps enseignant.
Je m’inquiète notamment au sujet du cumul études-emploi, qui soulève de nombreuses difficultés.
Les garanties minimales que je viens d’évoquer consisteraient à inscrire plusieurs dispositions dans la loi, même si je sais bien que la loi ne constitue pas une garantie absolue…
Premièrement, les emplois d’avenir professeur ne sauraient servir à remplacer les enseignants absents ni à pourvoir des postes vacants.
Deuxièmement, afin de créer les conditions de la réussite des étudiants en emploi d’avenir professeur, ceux-ci devraient ne pouvoir être affectés que dans un seul établissement.
Enfin, pour garantir l’effectivité des actions d’accompagnement et de formation, il conviendrait que l’université – qui est le formateur – soit impliquée dans la mise en œuvre des emplois d’avenir professeur. Ce n’est pas le cas actuellement : nos amendements ayant été refusés, l’université demeure à l’écart du dispositif, alors même que c’est elle qui est censée piloter la formation des futurs enseignants.
Monsieur le ministre, j’espère que, s'agissant des futurs pré-recrutements, nous n’en resterons pas à ces simples mesures d’urgence. J’ai cru comprendre que vous aviez déjà votre idée en la matière, mais j’estime que le débat mérite de se poursuivre.
J’ai une autre inquiétude : votre dispositif d’urgence ignore le cas des étudiants en master 2 qui seront candidats aux concours en 2013. Quid du maintien ou non des aides Chatel ? Seront-elles redéployées pour financer la nouvelle bourse de service public de 217 euros par mois prévue pour les emplois d’avenir professeur, comme on peut le penser à la lecture de l’étude d’impact ?
Je m’inquiète également au sujet des postes d’assistant et d’assistant pédagogique : les emplois d’avenir professeur ne risquent-ils pas de se substituer à eux, compte tenu de la proximité des missions ? Nous craignons, je vous le dis sans ambages, que les établissements n’y voient un moyen de recruter à moindre coût en période de contrainte budgétaire.
Enfin, dans la mesure où ce dispositif ne concerne pas les étudiants au-delà du Master 1, ne peut-on y voir le signe que vous avez déjà décidé, avant même que ne soient rendues les conclusions de la concertation « Refondons l’école », de placer le concours d’enseignant à l’issue du Master 1 ? Je crois avoir entendu hier M. Durand, qui préside l’un des groupes de travail, déclarer que c’est ce qui se produira.
Pour toutes ces raisons, notre groupe s’abstiendra sur cet article 2.