Intervention de Marie-Arlette Carlotti

Réunion du 2 octobre 2012 à 9h30
Débat sur l'application de la loi pour l'égalité des droits et des chances la participation et la citoyenneté des personnes handicapées

Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion :

Monsieur le président, mesdames les rapporteurs, mesdames, messieurs les sénateurs, l'existence, au sein de votre institution, d'une commission pour le contrôle de l'application des lois est une très bonne nouvelle pour la démocratie. Je tenais à saluer le président de cette commission, David Assouline, et, plus largement, l'ensemble de ses membres, qui contribuent, par leur vigilance, à ce que nos lois ne restent pas lettre morte. Je vous remercie d'avoir inscrit ce débat à l'ordre du jour d'une semaine sénatoriale de contrôle.

Le rapport qui nous rassemble aujourd'hui met particulièrement à l'honneur Mmes Claire-Lise Campion et Isabelle Debré, vice-présidentes de cette commission. Qu'il me soit permis de leur adresser tous mes remerciements pour le travail remarquable et sans concession qu'elles ont réalisé. Je tiens également à saluer l'engagement des sénateurs dont témoigne la qualité des interventions que j'ai pu entendre aujourd'hui ; elles me seront fort utiles dans le cadre de ma mission.

Que vaut une loi qui ne serait pas appliquée ou qui le serait mal ? Vous veillez à ce que cela n'arrive pas, et, en l'espèce, vous attirez mon attention sur une situation quelque peu préoccupante : la loi du 11 février 2005 est sans doute une grande loi de la République, mais sa mise en œuvre a été certainement défaillante.

Mesdames, messieurs les sénateurs, je veux saisir l'opportunité de la publication de ce rapport pour faire un état des lieux de la prise en charge du handicap en France et vous dire quels seront les grands axes de mon action au service des personnes handicapées.

Dans les quatre grands domaines traités par le rapport – l'accessibilité, la scolarité, l'emploi et les prestations –, qui sont ceux de la loi de 2005, j'agirai avec principes et méthode.

Mes principes sont les suivants : apporter aux personnes handicapées des réponses personnalisées, car les situations de handicap sont multiples, ainsi que les histoires de vie et les projets, et faire du handicap, autant que possible, une situation ordinaire.

Par conséquent, les besoins diffèrent d'une personne à l'autre. Ce n'est pas l'architecture figée de nos dispositifs actuels qui doit justifier le parcours de prise en charge de la personne handicapée, mais bien, a contrario, les besoins de cette dernière, à titre individuel et à chaque moment de son existence.

Je m'efforce d'aller à la rencontre des acteurs de terrain, sur l'ensemble du territoire national. À ce titre, lorsque j'ai inauguré la maison d'accueil spécialisée « Les Acacias » à Pierrefeu-du-Var, certaines personnes handicapées m'ont fait part de leur soulagement de n'être plus internées en hôpital psychiatrique, et d'être enfin encadrées et respectés. J'ai rencontré d'anciens usagers des établissements et services d'aide par le travail, les ESAT, qui m'ont exprimé leur bonheur de travailler, parce qu'ils le pouvaient et le voulaient, dans une entreprise adaptée, voire dans une entreprise ordinaire. C'est possible !

Chaque personne handicapée a le droit d'être reconnue dans sa singularité : sa parole doit être écoutée et une réponse adaptée doit lui être proposée.

Je le répète, mon but est de faire du handicap une situation ordinaire, car je repousse la perspective d'une société dans laquelle la dépendance plus ou moins grande de certaines personnes deviendrait un prétexte pour les exclure ou les reléguer.

Faire du handicap une situation ordinaire, c'est réaffirmer notre volonté et notre faculté de vivre ensemble, dans le respect de nos différences et la conscience de ce qui nous unit tous.

C'est dans cet esprit que François Hollande, alors candidat à l'élection présidentielle, s'était engagé à ce que chaque projet de loi, chaque politique publique comprenne à l'avenir un volet handicap : cette promesse a été tenue ! Tout récemment, le Premier ministre a du reste adressé une circulaire à l'ensemble de ses ministres, afin que chacun d'entre eux prenne en compte, dans l'ensemble de ses propositions, le critère du handicap. Tel est le cas de la loi portant création des emplois d'avenir. D'ores et déjà, nous incluons le handicap dans chacune de nos réformes, et nous poursuivrons dans cette voie pour l'ensemble des politiques de l'emploi. Je développerai ce sujet dans quelques instants.

Ma méthode est claire : je veux agir dans la concertation et la transparence.

Certains se sont moqués des corps intermédiaires, des élus et des associations. Le Gouvernement veut, au contraire, consulter ces derniers et les associer systématiquement aux concertations mises en œuvre.

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