J'ai, avec le président de la République, rencontré personnellement M. Ikililou, président de l'Union des Comores, à Kinshasa lors du sommet de l'Organisation internationale de la francophonie. Le traité pour la défense et la coopération militaire, qui l'intéressait beaucoup, sera ratifié. Sur Mayotte, il s'est montré plus réticent. Votre nom a été cité, monsieur le Président, lorsqu'il nous a demandé quelle coopération serait mise en oeuvre : nous lui avons dit que nous aurons à le voir sur la régulation des flux d'immigration et notamment sur les visas. Ensuite a été évoquée la coopération économique, surtout en matière d'agriculture et d'agro-transformation. Il serait préférable d'aller vers une régularisation. Il y a de nombreuses possibilités. Il manquait jusqu'à présent une volonté politique affirmée - j'espère que nous l'aurons jusqu'au bout. Nous aurons, pour rédiger l'ordonnance, à reprendre contact avec les Comores et le groupe de travail de haut niveau pourra être amené à poursuivre ses travaux.
Une annexe au centre de rétention de Mayotte va être rapidement construite dans l'attente d'un nouveau centre. Le ministère de la Justice a une vraie politique pénitentiaire outre-mer. En revanche, pour la prison de Basse-Terre, je n'ai pas de réponse à vous donner autre que celle apportée par Mme Michèle Alliot-Marie et les ministres de la Justice qui lui ont succédé. Cet ancien couvent-hôpital de 1672 fait un centre pénitentiaire affreux, mais il y a des réticences à construire un centre à Saint Martin, d'où proviennent la majorité des détenus. Mme la garde des Sceaux pourra revenir avec vous sur l'ensemble de sa politique.
Ce matin, le tribunal administratif de Basse-Terre a donné raison au préfet sur son nouvel arrêté pour l'épandage aérien. Destiné à lutter contre la cercosporiose noire, mortelle à la différence de la cercosporiose jaune, celui-ci donne lieu à 52 passages au Costa-Rica, au Guatemala, ou en Colombie, contre seulement 10 passages en Martinique et en Guadeloupe. Quelle est la doctrine du Gouvernement ? Opposés à l'épandage, nous tendons vers l'interdiction des dérogations. Face au principe de précaution, il y a aussi un principe de réalité. En l'absence de certitude sur la nocivité de ces produits, nous appliquerons le principe de précaution aux 100 000 hectares dans l'hexagone (vignes, maïs et grande culture), aux rizières de la Guyane, ainsi qu'aux 15 000 hectares de banane en Guadeloupe et Martinique Nous n'oublions pas le traumatisme du chlordécone, et je comprends les militants qui luttent pour la santé publique et l'environnement. Pour autant, dans des territoires où le taux de chômage dépasse les 25 %, dois-je fermer des entreprises, alors qu'il n'y a pas de diversification possible, précisément du fait de la chlordécone ?
Que proposons-nous ? Tout d'abord, de faire un bilan des dérogations avant le 31 décembre 2012. Ensuite, d'attendre, à la fin du mois d'octobre, la publication par l'Anses de son évaluation du banole, ce fixateur des fongicides qui rend l'épandage plus efficace. Nous n'avons pas trouvé mieux. L'arrêté autorisé ce matin remplace le banole par de l'eau. Celle-ci se fixant moins bien sur les feuilles, quinze passages au lieu de dix seront peut-être nécessaires. Si l'Anses nous indique dans les six mois que le banole est dangereux, nous l'interdirons. Et je me retrouverai avec un problème économique et social de reconversion, dont nous n'avons pas encore la solution.