Toutefois, comme je ne suis pas aussi généreux que je voudrais le laisser croire, je m’aperçois, quand je regarde de plus près, que, hors les fonds de tiroirs recyclés, soit à peu près la moitié des sommes, la relance n’est plus que de 0, 6 % du PIB, soit 22, 5 fois moins que le plan Marshall. On s’aperçoit aussi que 89 % des crédits Marshall étaient constitués de dons, ce qui ne sera pas le cas des prêts de la Banque européenne d’investissement. L’attitude des Américains d’alors équivaudrait au reversement par l’Allemagne de ses excédents intra-européens aux pays européens déficitaires – c’est une idée à soumettre à Mme Merkel ! –, le déséquilibre des échanges internes à la zone euro étant le cœur du problème, comme l’a rappelé cet après-midi Jean-Pierre Chevènement.
Le plan de relance européen est une feuille de vigne. Un plan de relance sérieux, c’est autre chose ! Pour vous donner une idée, l’ARRA, l’American Recovery and Reinvestment Act, initié par Barack Obama dès son arrivée au pouvoir, portait sur 5, 7 % du PIB des États-Unis. Il intervenait après un plan Bush représentant 1 % du PIB et avant l’American Jobs Act, bloqué par le Congrès républicain et correspondant à un peu plus de 3 % du PIB du pays.
« […] les chiffres du chômage seront mauvais encore pendant plusieurs mois » – pronostiquait il y a quelques jours Michel Sapin – « le temps que notre politique fasse son effet, si elle doit faire son effet positif ». On sent comme un doute ! C’est d’ailleurs un doute que je partage bien plus que votre optimisme, monsieur le ministre, mes chers collègues, sur les vertus de cette purge organique.