Intervention de Nicolas Dufourcq

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 23 janvier 2013 : 2ème réunion
Banque publique d'investissement — Audition de M. Nicolas duFourcq candidat désigné aux fonctions de directeur général

Nicolas Dufourcq, candidat à la fonction de directeur général de la BPI :

Il est en revanche un domaine dans lequel la création de synergies appelle une réforme de l'organisation. Actuellement, OSEO Innovation et les fonds d'investissement dans les biotechnologies, de la transition énergétique ou de l'Internet travaillent chacun de leur côté, sans se parler. Afin d'améliorer les choses, j'ai proposé de réunir l'ensemble de ces entités au sein d'une direction de l'innovation unique.

Sur quels atouts pourrons-nous nous appuyer ? L'extrême professionnalisme des équipes et leur culture d'entreprise. La culture d'OSEO est celle d'une PME caractérisée par la rapidité d'action, la franchise dans l'expression et l'esprit entrepreneurial. C'est aussi une entreprise très jeune ; lors de ma visite aux équipes de Nancy, je n'ai rencontré que des jeunes de moins de 30 ans. Cette jeunesse caractérise aussi CDC Entreprises, dont le doublement depuis 2011 s'est accompagné du recrutement de nombreux jeunes, ainsi que le FSI. Contrairement à l'idée reçue d'une banque publique d'investissement qui, une fois installée, serait une structure lourde, il s'agit plutôt d'un chevau-léger, ou d'une très belle corvette extrêmement maniable.

L'urgence absolue, c'est l'action en faveur de la trésorerie des PME, notamment au travers de la facilité de trésorerie et du préfinancement du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE).

Deuxième urgence : l'augmentation de notre puissance de feu en région. A cette fin, je propose d'augmenter de 300 à 700 millions d'euros les fonds gérés par FSI Régions, et de doubler ses effectifs qui passeraient de 45 à 90.

Il est aussi fondamental de travailler sur la titrisation de prêts aux PME, de sorte que l'assurance-vie française puisse acheter des crédits de qualité, ou sur l'accès des PME au marché obligataire.

Autre urgence enfin : le soutien à l'export. Ayant connu pendant près de dix ans, chez Cap Gemini, une entreprise qui se développait à l'international, je découvre dans mes nouvelles fonctions le drame que représente notre déficit commercial de 80 milliards d'euros. Pour le combler, il faut un changement d'attitude envers les PME françaises. L'automobile ne remontera pas et l'énergie est ce qu'elle est.

Le plan export est donc un sujet absolument majeur et la BPI peut y contribuer de différentes façons. Dans la mesure où elle dispose, au travers d'OSEO, du réseau le plus efficace de distribution des aides publiques aux PME, je recommanderais que la BPI leur propose l'assurance prospection de la Coface. Nous avons d'ores et déjà décidé qu'Ubifrance logerait quarante de ses responsables dans les directions régionales d'OSEO de façon à bénéficier pleinement de son réseau de distribution. Loin d'être un guichet, il s'agit d'un réseau proactif dans lequel chaque chargé d'affaires prend sa voiture pour visiter une centaine d'entreprises par an, car l'ensemble de ces sujets se traitent dans les cuisines des PME. OSEO place aujourd'hui trop peu de produits d'aides à l'exportation. Nous ferons en sorte que cela change.

Le dialogue avec les élus est constant tant au niveau national - dans le cadre du comité national d'orientation - que régional, au travers des comités régionaux. Suivant une philosophie de « haute couture », nous prévoyons de faire vingt-deux plans régionaux différents et plus nous en ferons, plus nous serons contents. En matière d'export, d'innovation ou de crédits à moyen terme - dits crédits mezzanine - nous pouvons faire davantage. Aux régions qui veulent apporter leur contribution, je précise que ce n'est pas en matière de fonds propres mais pour l'octroi de crédits que les ressources manquent. C'est ainsi que le prêt pour l'innovation, formidable idée annoncée par le Président de la République d'un prêt sur sept ans sans prise de garantie sur le patrimoine de l'entrepreneur, ne peut pas être mis en oeuvre, faute de moyens.

La circulation du capital est absolument indispensable pour mettre OSEO en état d'accorder davantage de crédits. Pour ce faire, son capital devra être abondé par le dividende des fonds propres de la BPI, ce qui suppose une décision souveraine du conseil d'administration de cette dernière. De telles règles de gouvernance protègent la CDC qui pourrait s'opposer à une telle affectation. L'Etat ne pourra donc pas manquer à ses obligations.

Il en est de même en matière d'aides à l'innovation ou de garanties. En 2013, l'Etat versait 215 millions d'euros pour le soutien à l'innovation, 100 millions au titre des garanties, 50 millions d'euros pour les aides de trésorerie, ainsi que plusieurs millions d'euros destinés au financement des crédits mezzanine. Les risques de débudgétisation des financements de l'innovation sont très faibles car il s'agit d'une ligne budgétaire extrêmement stable pour la reconduction de laquelle OSEO n'a jamais eu à se battre.

1 commentaire :

Le 22/02/2013 à 08:26, Justine (juriste) a dit :

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Il faut rappeler que la technique de titrisation a permis de diffuser à la planète entière la crise des subprimes (crédits accordés aux USA à des débiteurs moins solvables). M. Dufourcq dit qu’il est « fondamental de travailler sur la titrisation de prêts aux PME, de sorte que l'assurance-vie française puisse acheter des crédits de qualité ». Est-il bien certain qu’il s’agit de titriser des crédits de qualité ? Sinon, ce sont les épargnants qui supporteront, sans le savoir, les risques de crédits accordés par les établissements financiers (comme avec les subprimes).

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