Il s’agit d’une disposition essentielle, et c’est bien pourquoi nous prenons le temps d’en débattre.
Je suis certaine que vous mesurez la réalité des enjeux auxquels nous sommes confrontés. Je n’ai pas la prétention d’infléchir les intentions de vote que vous avez exprimées. Simplement, pour la clarté de nos débats, je vais rappeler l’architecture du dispositif.
La loi de 1990 a ouvert en grand les portes, avec son article 5-1, à la financiarisation de la biologie médicale, mais elle a aussi posé des règles assez strictes, avec son article 5, pour les conditions d’exercice des détenteurs de parts physiques dans les laboratoires.
La présente proposition de loi vise justement à supprimer cet article 5-1 qui a permis aux grandes sociétés de biologie de prendre le contrôle des petits laboratoires. Je rappelle les termes du troisième alinéa de l’article 8 : « Le premier alinéa de l’article 5-1 de la loi n° 90-1258 du 31 décembre 1990 relative à l’exercice sous forme de sociétés des professions libérales soumises à un statut législatif ou réglementaire ou dont le titre est protégé et aux sociétés de participations financières de professions libérales, n’est pas applicable aux sociétés d’exercice libéral de biologistes médicaux. »
L’article 5-1 continuera donc de s’appliquer à des professions, par exemple à celle d’avocat, dont nous n’avons pas à débattre ici, mais pas à celle de biologiste médical.
MM. Barbier et Savary ont raison de souligner que la loi de 1990 a favorisé la financiarisation de la biologie médicale, mais ce n’est pas toute la loi : c’est seulement cet article 5-1, que précisément nous abrogeons.
En revanche, l’article 5 de cette même loi protège les biologistes exerçant dans une société d’exercice libéral, puisqu’il prévoit qu’ils doivent détenir plus de 50 % des parts.
Vous avez souhaité ajouter, en commission, des dispositions protectrices ne figurant pas dans la version initiale de la proposition de loi. L’ensemble me paraissait juridiquement fragile, car les dispositions étaient partielles. J’avais donc déposé un amendement de suppression.
Toutefois, j’ai pris bonne note de votre volonté de réaffirmer le principe de protection des personnes physiques travaillant dans les laboratoires de biologie. J’ai donc retiré mon amendement de suppression et déposé l’amendement n° 64, qui vise à reprendre le contenu de l’article 5, et non de l’article 5-1, afin que la protection des biologistes soit complète et sans ambiguïté.
En résumé, la loi de 1990 contenait deux séries de mesures. Les premières, qui figuraient à l’article 5, étaient des dispositions protectrices ; ce sont elles que l’amendement du Gouvernement vise à réintroduire. Les secondes, qui figuraient à l’article 5-1, étaient problématiques, car elles ouvraient la porte à la financiarisation ; elles sont supprimées par le texte de la proposition de loi, une suppression que le Gouvernement approuve.
Voilà l’esprit dans lequel nous avons travaillé. À défaut d’emporter votre adhésion et votre vote, j’espère au moins avoir présenté clairement les enjeux !