Intervention de Joël Guerriau

Réunion du 5 février 2013 à 14h30
Débat préalable à la réunion du conseil européen des 7 et 8 février 2013 — Questions-réponses

Photo de Joël GuerriauJoël Guerriau :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le Président François Hollande est intervenu ce matin au Parlement européen en souhaitant une meilleure solidarité européenne entre les pays. Les présidents des principaux partis ont répondu que l’abondance de la PAC pour les agriculteurs français ne pouvait plus durer.

Pour les Allemands et les Britanniques, l’Union européenne ne doit pas soutenir les secteurs non concurrentiels. Il apparaît clairement que leur volonté est de réduire la politique agricole commune, qu’ils considèrent comme un élément de subvention d’une agriculture non compétitive. Or le premier bénéficiaire de la manne agricole européenne, comme nous le savons, est la France.

Dans le débat budgétaire européen d’aujourd’hui et de demain, la question agricole ne risque-t-elle pas de devenir une variable d’ajustement ? L’Europe deviendra-t-elle alors une zone où jouera pleinement la concurrence ? Dans ce cas, pour que notre agriculture survive, il faudra aborder tout ce qui provoque des distorsions de concurrence au niveau européen. Je pense en particulier à l’absence d’un cadre européen de protection sociale.

Le coût horaire en France est le plus élevé du monde agricole ; un producteur allemand, espagnol, belge, produit autant avec un coût du travail très inférieur. Les Allemands font appel à une main-d’œuvre étrangère. Ainsi, un travailleur saisonnier pour un maraîcher français est 80 % plus cher que pour un maraîcher allemand.

C’est la raison pour laquelle, sans traiter la problématique sociale, l’approche économique ouvre la porte à une concurrence sauvage et régressive sur le plan humain.

Quelles solutions pourrions-nous envisager pour freiner une concurrence déloyale de sociétés émanant d’autres pays européens qui, sous couvert de prestations de services à bas prix, occupent des emplois dans les secteurs du bâtiment, des travaux publics et de l’agroalimentaire ? D’année en année, les effectifs ne cessent d’augmenter, ce qui n’est pas sans incidence en termes de chômage. Par conséquent, une approche économique qui négligerait l’aspect social me paraît délicate.

Alors que les Britanniques réclament toujours une réduction des dépenses européennes et que les Allemands semblent avoir une position très proche en défendant la flexibilité sociale et la compétitivité, comment le pacte de croissance européen de 120 milliards d’euros promis par notre gouvernement trouve-t-il sa place ? Notre taux de croissance est toujours pratiquement nul, alors où en est la promesse française ? S’agit-il simplement de renflouer la Banque européenne d’investissement et d’inscrire le reste dans un cadre financier pluriannuel d’ajustement budgétaire ?

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