Merci de nous donner cette occasion de faire entendre notre petite musique.
En Martinique, il existe deux opérateurs indépendants, la Favorite et Domaines Thieubert qui produit le rhum Neisson. Ces deux unités disposent d'une seule cannière de 96 hectares, 49 pour l'une, 47 pour l'autre, soit de très petites unités.
La Favorite produit environ, en rhum agricole, 3 200 hectolitres d'alcool pur (HAP) par an, et Neisson, 1 800. En 2012, Neisson a exporté 496 HAP, soit une quantité inférieure au contingent alloué, du fait des aléas climatiques. Nous sommes notre propre producteur de canne et n'en achetons pas à l'extérieur pour des raisons de terroir et de techniques propres. La production aidée a atteint en 2011 2 542 HAP pour la Favorite, soit 163 250 euros, et 1 730 HAP pour Neisson, soit 111 110 euros.
Le montant total de l'aide du programme d'options spécifiques à l'éloignement et à l'insularité des départements français d'outre-mer (Poseidom) pour la Martinique est de 4 millions d'euros, dont moins de 7 % bénéficient à nos deux distilleries.
Sur le plan social, Neisson est un opérateur de référence dans le nord-Caraïbes, région de grand dénuement économique. Il emploie une main d'oeuvre manuelle, de 15 personnes jusqu'à 38 durant les campagnes. Cependant certaines fonctions ont été modernisées. Sur le plan environnemental, la distillerie Neisson a été récompensée par le ruban bleu de l'environnement en 1998 : elle n'a pas recours au brûlage et pratique une agriculture durable, avec une quantité restreinte d'intrants.
Le coût de revient en 2009 était de 2,49 euros pour un litre à 55 degrés, de 3,44 euros hors subventions. Pour 2012, le coût s'est établi à 3,49 euros avant subvention, 2,82 après, l'évolution s'expliquant par des aléas climatiques. Pour le broyage de la canne, le différentiel, avant ou après les aides, est du même ordre. Ces chiffres montrent toute l'importance du dispositif financier d'accompagnement de la production.
Les frais de personnel représentent près de 30 % de nos charges ; les emballages et autres matières consommables, pour l'essentiel importées, un quart. Les coûts de production augmentent aussi en raison des normes environnementales et de sécurité, dont nous ne discutons pas la légitimité mais dont nous déplorons le poids financier.
Pour Neisson, les surcoûts sont liés à quatre grands facteurs : la faible superficie du territoire de production ; la topographie des parcelles, petites et en pente ; la difficulté de dégager des économies d'échelle ; enfin, l'importance du coût du fret, lié à la quantité de matière première, ce qui rend indispensable le maintien de l'aide au fret mise en place par l'Union européenne.
L'accès aux mécanismes d'aides publiques relève parfois d'un parcours complexe, long et aux résultats incertains. Les aides au titre de certaines mesures du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) ou l'allocation de compensation des surcoûts liés au fret en sont une illustration concrète. Depuis peu, nous n'avons plus guère d'accès direct à l'aide au fret.