Merci d'écouter la voix des petites distilleries. Je préside le Comité d'organisation et de défense du marché du rhum (Coderum), syndicat guadeloupéen de rhumiers et distillateurs agricoles. Le rhum agricole, spécificité des Antilles françaises, ne représente que 2 % de la consommation mondiale. Nous sommes à l'ombre des grands groupes internationaux, dont les coûts de revient sont bien inférieurs aux nôtres. La concurrence provient aussi des pays émergents, Îles Vierges ou Guatemala, des productions dans les pays ACP qui bénéficient en outre de l'aide des États-Unis - sachant que l'appellation générique « rhum » recouvre toute une nébuleuse de produits. Nous voulons continuer à produire des rhums exclusifs, à forte typicité. Les aides européennes sont indispensables à notre survie, d'autant que nos rhums à fort degré sont pénalisés par la vignette sécurité sociale : sur un litre à 50 degrés, l'aide représente 4,20 euros.
Nous rencontrons un succès mérité - dont témoigne la médaille d'or que j'ai reçue hier au Salon de l'agriculture pour mon rhum vieux -, les importateurs demandent toujours plus, mais le système, qui date de 1995, n'est plus vraiment adapté. À l'époque, faute d'investissements et donc de production, mes prédécesseurs préféraient échanger le contingent export contre du contingent local pour fournir d'abord la clientèle locale. Le contingent export de Bologne a ainsi diminué de moitié. Depuis, nous avons beaucoup investi, notamment dans la valorisation des déchets : biomasse grâce à la combustion de la bagasse, biogaz grâce à la méthanisation des vinasses. Bologne a investi 7 millions d'euros en 2005-2006. Malgré la demande des distributeurs, nous restons limités par le système.
Chacun ici représente un cas particulier au sein de son département. Il faut nous aider dans ce combat ; parmi mes adhérents, deux distilleries sont en redressement. Merci de nous prêter main forte, nous saurons gagner des parts de marché !