La Réunion a une particularité : elle a su préserver une industrie du sucre dynamique. Elle n'a que du contingent de mélasse. La distillerie Isautier produit du rhum de mélasse mais également du rhum agricole - le meilleur sinon du monde, du moins de l'hémisphère est ! Isautier possède une sole cannière importante, de 300 hectares. Nous fournissons nos cannes à l'usine de sucre et rachetons du jus broyé et de la mélasse, ce qui nous permet d'obtenir des prix raisonnables sur les matières premières. Nous produisons 5 000 hectolitres d'alcool pur par an en moyenne, dont la moitié va à l'exportation : le contingent export est de 2 300 hectolitres. Sur le reste, les trois quarts sont vendus sur le marché local sous forme de dérivés - punchs, liqueurs, rhums arrangés, qui nous ont valu des médailles - le quart restant sous forme de rhum blanc, de sucrerie ou agricole.
Notre prix de revient moyen est de 2,50 euros par litre d'alcool pur. Les volumes sont contraints par les débouchés, il faut amortir les machines. En outre, la distillerie Isautier ne fonctionne que cinq mois par an, car nous ne pouvons plus épandre la vinasse une fois que les bourgeons de canne à sucre ont émergé. Nous n'avons pas la surface financière pour investir dans la méthanisation. Notre solution, plus agricole, est onéreuse mais préserve des emplois. La moitié de l'équipe est salariée à l'année, l'autre est composée de saisonniers, qu'il nous faut former. Le vrai danger vient de la concurrence des ACP et des PMA : le Smic réunionnais est de 1 400 euros, contre 200 euros à l'île Maurice et 50 euros à Madagascar...