Merci, monsieur Mirassou, d’avoir pris cette initiative, soixante-dix ans après qu’une poignée d’hommes, à quelques encablures du Sénat, se sont réunis dans l’appartement de M. Corbin pour lancer le Conseil national de la Résistance !
Ces hommes étaient peu nombreux ; ils n’avaient pas forcément les mêmes opinions politiques, ni la même religion, mais ils avaient un même idéal : l’amour de la patrie, l’amour de la nation et la volonté d’avoir un avenir. Ils voulaient que la flamme de la Résistance continue de vivre et que notre pays se libère du joug de l’occupation.
Le Conseil national de la Résistance a un visage : celui de Jean Moulin. Premier parmi les premiers, il a voulu unifier la Résistance. C’est lui qui nous permet aujourd’hui d’être ce que nous sommes.
Mes chers collègues, comment ne pas se rappeler l’appel du 18 juin du général de Gaulle ? Dans l’histoire de notre pays, ces quelques phrases qui résonnent encore ont été une ligne directrice essentielle. Comment ne pas se rappeler l’œuvre de Jean Moulin, et quelle a été sa fin ? Comment ne pas se rappeler les femmes et les hommes célèbres qui, à l’image de Lucie et de Raymond Aubrac, se sont battus pour refouler l’envahisseur ? Comment ne pas évoquer la mémoire de Stéphane Hessel, résistant et déporté, qui nous a quittés il y a quelques jours ? Comment ne pas citer Elsa Triolet et Louis Aragon qui, pendant toutes ces années de maquis, ont diffusé dans les journaux des messages destinés à redonner force et vigueur aux Français ?
Cependant, mes chers collègues, la Résistance, c’est aussi une foule d’anonymes : peut-être certains d’entre vous, nos parents, nos grands-pères et nos grand-mères. §Ces individus sans nom avaient des visages différents, mais la même volonté d’y aller.
Je veux saluer les quatre-vingts parlementaires courageux du 10 juillet 1940. Qui peut dire aujourd’hui ce qu’il aurait fait s’il avait été à leur place ? Arrêtons de dire que nous aurions voté comme eux car nous n’en savons rien ! §
La Drôme a connu le plus grand maquis de France : celui du Vercors. Terrible, ce maquis fut la maison de ceux qui ne voulaient pas aller au STO, il fut l’ADN des femmes et des hommes qui refusaient la barbarie nazie et l’occupation. Le Vercors a connu des drames terribles, mais aussi des joies : les nazis ont été harcelés et, même en arrivant par milliers, ils ne parvenaient pas à prendre le plateau ; sous la houlette du colonel Triboulet et de tous les organisateurs de la Résistance, le Vercors a tenu. Si le Vercors a souffert, c’est parce qu’à certains moments les choix politiques faits à Grenoble ou ailleurs l’ont mis en difficulté.
J’ai une pensée pour La Chapelle-en-Vercors où, en juillet 1944, seize hommes et enfants ont été fusillés dans le village incendié.