Intervention de Roland Courteau

Réunion du 28 mars 2013 à 9h00
Journée nationale de la résistance — Article 1er

Photo de Roland CourteauRoland Courteau :

Je remercie Jean-Jacques Mirassou de sa proposition de loi.

Ce texte est un hommage à ceux qui, sous la torture, n’ont pas parlé, à ceux qui ont choisi de ne pas se soumettre, à ceux qui ont choisi, tout simplement, de lutter. Ce texte est un hommage et sa portée est immense. Non, nous ne pouvons pas oublier. Non, nous ne devons pas oublier. Non, nous ne voulons pas oublier.

Non, nous ne pouvons pas oublier Jean Moulin, Pierre Brossolette, Lucie et Raymond Aubrac, Hessel, Aragon, et tant d’autres, moins connus, mais aussi grands.

Non, nous ne pouvons pas oublier, vous avez raison, monsieur Mirassou, que d’autres, avant nous, ont frayé un chemin, souvent au prix du sang et des larmes, et que, grâce à eux, nous pouvons aujourd’hui connaître, tout simplement, la liberté.

Mes chers collègues, jamais les hommes ne devraient imaginer le futur en oubliant leur propre histoire. La mémoire, c’est la première justice rendue aux victimes, c’est le premier rempart contre la guerre. Le pire serait que l’oubli s’installe, effaçant les événements et les hommes. Un peuple sans mémoire est un peuple sans identité, un peuple sans avenir. Gardons-nous de l’oublier, ceux qui effacent leur passé sont condamnés à le revivre. Un enfant d’une classe de sixième me disait avec beaucoup d’à-propos : « Le plus grave défaut de l’homme, celui qui lui cause tant de malheurs, c’est sa mémoire courte. » On ne saurait mieux dire.

Voilà pourquoi il faut que toujours et sans cesse souffle le vent de l’histoire, afin que nul n’oublie sa vérité, celle qui a été écrite par le monde de la Résistance, par le monde combattant, que certains voudraient occulter ou travestir. Oui, il faut que toujours et sans cesse souffle le vent de l’histoire pour rappeler le sacrifice de ceux qui perdirent leur vie et les souffrances endurées par ceux qui survécurent. Oui, mes chers collègues, il faut que toujours et sans cesse souffle le vent de l’histoire pour rappeler aux jeunes générations ce que nous sommes et d’où nous venons. Oui, il faut que toujours et sans cesse souffle le vent de l’histoire pour appeler à la vigilance, dans un monde où l’absurdité éclate à tous les carrefours : d’un côté, on construit, on guérit, on découvre et, de l’autre, on opprime, on affame, on torture.

Merci à Jean-Jacques Mirassou de vouloir perpétuer, par cette proposition de loi, le souvenir de Jean Moulin, bien sûr, mais aussi de tous les hommes et de toutes les femmes qui entrèrent en résistance. Merci d’envoyer ce message de paix, afin qu’un jour prochain, nous le souhaitons tous, la sagesse finisse par l’emporter sur la folie des hommes.

Mes chers collègues, Victor Hugo, qui siégea sur ces mêmes travées, écrivait, avec le talent qu’on lui connaît : « Les souvenirs sont nos forces, ils dissipent les ténèbres, et quand la nuit essaie de revenir, il faut toujours allumer de grandes dates, comme on allume des flambeaux. »

La date du 27 mai est assurément une très grande date, qui, tel un flambeau, éclairera non seulement le passé, mais aussi le présent et l’avenir.

Monsieur Mirassou, merci ! §

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