Le nombre d’emplois industriels continue de décroître. Le chômage touche désormais plus de 10 % de la population active et la spirale infernale n’est pas près de s’arrêter : chaque jour apporte son lot de nouvelles fermetures d’entreprises – Thierry Foucaud a cité tout à l'heure le cas de Petroplus, mais ce n’est malheureusement pas le seul ! –, faisant monter l’angoisse de celles et ceux qui, ne vivant que de leur travail, craignent pour leur avenir et celui de leurs enfants.
Alors oui, monsieur le ministre, vous avez raison : il y a urgence à agir, comme vous nous l’avez dit avec force devant la commission des affaires sociales et l’avez répété aujourd'hui.
Dans tous les départements, le nombre d’allocataires du RSA ne fait qu’augmenter : de plus de 5 % en moyenne, selon l’Association des départements de France, de 8, 5 % dans mon département de l’Isère. Le nombre de familles pauvres – y compris des familles qui ne sont pas frappées par le chômage – atteint des sommets. Le nombre d’enfants pauvres explose également, et vous comme moi avons entendu le cri d’alerte des associations caritatives. L’épuisement des bénévoles, le prix des denrées alimentaires, la baisse des dons et les menaces sur le budget européen sont pour elles autant de sources de vive inquiétude.
Oui, il y a urgence. Oui, nous traversons une crise, mais cette crise a de multiples origines, dont l’une prime sur toutes les autres : la volonté irrépressible d’accumulation des richesses du capitalisme financier, au profit d’un nombre très restreint de nos concitoyennes et concitoyens !
Cette soif de profit, ces marges qui sont devenues un dogme, les seules variables d’ajustement étant les salaires et l’emploi : voilà ce qui gangrène non seulement le système mais aussi toute notre société.
Aussi, depuis 2008 et l’explosion de ce système qui nous a conduits dans cette crise, les remèdes proposés donnent les mêmes résultats : effondrement économique, augmentation du chômage, baisse des salaires et des rentrées fiscales. Telle est la situation dramatique de la zone euro, pourtant longtemps présentée comme un îlot de stabilité et de prospérité dans un monde en plein bouleversement.
Je l’aurais dit beaucoup moins bien que ne l’a écrit Stéphane Hessel dans son opuscule Indignez-vous ! : « Mais comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales de la Résistance, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ? Sinon parce que le pouvoir de l’argent, tellement combattu par la Résistance, n’a jamais été aussi grand, insolent, égoïste, avec ses propres serviteurs jusque dans les plus hautes sphères de l’État. Les banques désormais privatisées se montrent d’abord soucieuses de leurs dividendes et des très hauts salaires de leurs dirigeants, pas de l’intérêt général. »
En contrepoint, je voudrais vous citer à votre tour, monsieur le ministre ; en 1992, membre du gouvernement de Pierre Bérégovoy, vous nous disiez : « Pour la France, la monnaie unique, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. »
Malheureusement, ni la monnaie unique ni les différents traités – Maastricht, Lisbonne ou d’autres, plus récents – n’ont apporté ce mieux-être qui nous est promis depuis plus de cinquante ans !