Intervention de Pierre Laurent

Réunion du 18 avril 2013 à 21h45
Sécurisation de l'emploi — Article 1er

Photo de Pierre LaurentPierre Laurent :

Vous le savez, mes chers collègues, ce secteur, qui emploie de nombreux jeunes, est marqué par une très grande flexibilité. Il s’agit, en outre, d’une des branches où l’on retrouve les abus les plus inacceptables au regard du droit du travail : CDD renouvelés à l’envi, absence de droits syndicaux, salaires comprimés, hyper-flexibilité, et j’en passe.

Ces salariés sont souvent des étudiants, ou bien d’anciens étudiants qui ont d’abord tenté de mener de front les études et un emploi et qui, n’y parvenant pas, continuent à travailler dans ce secteur.

Je vais vous citer l’exemple d’une employée d’une chaîne de restauration rapide dans le Nord-Pas-de-Calais. Étudiante, cette jeune femme doit financer ses études. Or la bourse à laquelle elle a droit n’est pas suffisante, et ses parents ne peuvent subvenir à ses besoins.

Elle se voit contrainte d’exercer un emploi, à des conditions, évidemment, non négociables. Les horaires « aménagés » pour les étudiants correspondent, en réalité, à la tranche allant de dix-neuf heures à minuit. Ensuite, il faut tout ranger et nettoyer. Bref, c’est le travail d’une journée, en pleine nuit. Ajoutez à cela que, bien souvent, les heures supplémentaires ne sont pas payées, que la pression psychologique est constante, que les tâches demandées sont très diverses et correspondent, en réalité, à la maîtrise de plusieurs postes de travail. Le tout se passe, en outre, dans une ambiance délétère.

S’il n’accepte pas cette pression, le salarié n’a qu’à prendre la porte ; il est contraint à la démission. Un turn over important est l’un des modes de fonctionnement de ce type d’entreprises.

Cette situation n’est pas une vue de l’esprit. Elle est dénoncée par les syndicats de la restauration rapide. Dans ces entreprises, les conditions du dialogue social, si souvent évoqué dans notre débat sur ce texte, sont la plupart du temps totalement déplorables.

On ne compte plus les pressions exercées à l’encontre des quelques organisations syndicales qui osent remettre en cause le dogme de la rentabilité maximale, qui est la loi dans le secteur, ou contre les salariés qui tentent de se syndiquer. Je ne prendrai qu’un exemple pour l’illustrer. Le mois dernier, McDonald’s a autorisé l’intervention des forces de l’ordre pour expulser le représentant syndical d’un de ses franchisés des Bouches-du-Rhône, lors de l’élection des représentants du personnel.

Monsieur le ministre, vous ne cessez de parler d’un texte « équilibré ».

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