Ce n’est pas ainsi que l’on avancera…
Je le répète, vous avez perdu une précieuse occasion de donner un signe fort au pays.
Mes chers collègues, devant le réquisitoire que je viens de formuler, beaucoup d’entre vous s’attendent à m’entendre dire que nous nous opposerons à ce texte, la main que nous avons tendue n’ayant pas été saisie. Ce serait sans doute logique, et certains d’entre nous le feront peut-être.
Toutefois, au regard de la situation actuelle, nous reconnaissons que ce texte est fondamental pour l’amélioration de la flexibilité du travail. À un certain moment, il faut savoir dépasser l’entêtement stérile, faire preuve de hauteur de vue et, devant une situation économique dégradée, privilégier l’intérêt supérieur du pays, d’autant que beaucoup d’acteurs de la vie économique, qu’ils soient salariés ou entrepreneurs, attendent ce texte avec impatience.
Dès lors, la majorité des membres de notre groupe s’abstiendra.
Néanmoins, cette abstention présente deux facettes.
Il s’agit d'abord d’une abstention positive, l’ANI étant la traduction d’une nouvelle forme de dialogue social, que notre collègue Gérard Larcher avait su instituer en janvier 2007 et qui est aujourd'hui certainement bien ancrée dans l’esprit des partenaires sociaux, pour faire avancer les modifications nécessaires du droit du travail. Du reste, nous souhaitons aussi rendre un hommage appuyé aux partenaires sociaux qui ont passé beaucoup de temps à négocier et ont eu le courage de signer cet accord. En outre, comme je l’ai déjà souligné, malgré votre surdité, malgré ses défauts, malgré les dénaturations dont il a fait l’objet, ce texte est positif.
Mais notre abstention a aussi un volet négatif. En ce moment où le monde du football fait l’actualité, je dirai que c’est un formidable carton rouge donné au Gouvernement en raison de son inflexibilité, de son manque d’ouverture. Je crains de voir là la preuve d’une inquiétante fuite en avant. Je ne pense pas que c’est ainsi que vous arriverez à faire remonter la popularité d’un Président de la République à la dérive. Mais, puisque tel est votre choix, il vous faudra l’assumer devant la Nation !
Quant à nous, nous pourrons dire avec fierté que nous avons fait abstraction de nos oppositions politiques devant l’intérêt supérieur du monde économique.