Intervention de Caroline Guinot

Commission du développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire — Réunion du 12 juin 2013 : 1ère réunion
Affichage environnemental — Table ronde

Caroline Guinot, Chef de projet Environnement à l'Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (INTERBEV) :

Je vous prie d'excuser Dominique Daul, qui a été retenu sur son exploitation en Alsace. Notre association interprofessionnelle représente les espèces bovines, ovines et équines. Treize familles professionnelles, des éleveurs aux distributeurs et bouchers, cotisent pour financer des études de recherche et développement et se mettre d'accord sur des règles interprofessionnelles communes. Notre filière représente 325 000 éleveurs, 200 000 exploitations, 19 millions de bovins et 13 millions d'hectares de prairies, soit 50 % de la surface agricole. L'herbe représente 80 % de la ration des bovins viande en France. Or, cette qualité herbagère n'est pas forcément bien valorisée dans les méthodes d'évaluation de l'impact environnemental. Cela constitue un sujet d'inquiétude, pour nous comme pour Synabio, le syndicat national des transformateurs de produits naturels et de culture biologique. C'est la raison pour laquelle nous avons choisi d'alerter sur les limites de la méthode actuelle et les risques d'une mise en place trop rapide de cet affichage environnemental. Il faut nous laisser du temps pour y travailler.

Nous avons participé dès le départ aux discussions qui ont eu lieu au sein de la plateforme Ademe-Afnor. Le secteur bovin réfléchit depuis longtemps à son impact environnemental, mis en lumière par les médias, en particulier à travers la question des rejets de méthane des ruminants. Tous les acteurs du secteur agroalimentaire ont relevé les limites de la méthode du cycle de vie, imaginée pour le secteur industriel, et qui s'avère peu appropriée pour des secteurs qui travaillent avec le vivant. 90 % de l'impact environnemental du secteur de la viande est lié à l'élevage. L'action des industriels ne peut donc porter que sur les 10% restants : elle n'apparaît pas sur l'étiquette. Les ruminants disposent d'un cycle de vie plus long et émettent du méthane, parce qu'ils mangent de l'herbe. La seule solution pour réduire considérablement leur impact serait donc de réduire leur cycle de vie, au moyen d'un élevage intensif tel qu'il est pratiqué aux Etats-Unis, c'est-à-dire en leur donnant des hormones, des antibiotiques et des céréales à la place de l'herbe. La préservation de la biodiversité ou le stockage de carbone dans les prairies, qui pourraient contrebalancer les effets négatifs liés à l'exploitation herbagère, ne sont pas pris en compte.

La méthode du cycle de vie est intéressante, mais doit encore être travaillée avant d'être appliquée. D'autres méthodes pourraient également être développées, comme le demandent les représentants du secteur biologique. Nous souhaitons avoir du temps pour travailler à ces questions avec l'Institut de l'élevage et l'Institut national de la recherche agronomique (INRA).

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