Intervention de Philippe Wahl

Commission des affaires économiques — Réunion du 18 septembre 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Philippe Wahl candidat proposé à la présidence du conseil d'administration de la poste

Philippe Wahl, candidat proposé à la présidence du conseil d'administration de la Poste :

La loi garantit les 17 000 points de contact. C'est une force pour notre entreprise. Nous avons tissé des liens avec les élus, et les bureaux de poste ne sont transformés qu'avec leur accord. Je regrette qu'il y ait pu avoir un manquement à cette règle... Je ne réclame pas la réduction du nombre de points de contact : ils font partie de notre identité. Il faut les transformer quand c'est nécessaire. Vous avez évoqué les synergies possibles avec une médiathèque ; c'est aussi vrai avec une régie des eaux ou une mairie.

Tous les réseaux commerçants de distribution physique sont affectés par la révolution numérique, des magasins aux agences bancaires. À nous d'être le réseau de proximité. C'est en inventant et en offrant de nouveaux services que nous trouverons des solutions. Il est essentiel de préserver le maillage territorial et de l'adapter, avec vous. Par exemple, dans les tout petits bureaux ruraux, le facteur pourrait aussi être guichetier : le bureau resterait ouvert et offrirait un emploi au facteur. Autre expérience, qui sera bientôt lancée par Philippe Bajou : équiper les agences postales communales de tablettes numériques pour offrir l'accès à un certain nombre de services de La Poste. Plus la numérisation éloigne le client du service, plus le besoin de proximité croît.

Dans un groupe de 250 000 salariés, la question sociale est un sujet clé. Il ne m'appartient pas de qualifier devant vous la qualité du dialogue social. Le rapport Kaspar a engagé un diagnostic du fonctionnement social et humain du groupe ; nous avons appliqué la totalité de ses conclusions et Jean Kaspar remettra en octobre un rapport de suivi, un an après. En janvier dernier, nous avons signé avec cinq des sept organisations syndicales un accord sur la qualité de vie au travail, dont les dix-sept mesures d'application immédiate ont toutes connu un début de mise en oeuvre. Il s'agit de mesures de prévention des difficultés : développement d'un réseau de ressources humaines de proximité, référent dans ce domaine pour tout nouveau manager, renforcement de la formation, développement de la médiation pour les risques psycho-sociaux, développement de la médecine du travail. Quatre autres grandes négociations ont été engagées ; l'une, sur le télétravail, vient d'être signée par six des sept organisations syndicales. Six accords sont intervenus depuis le début de l'année : tous les syndicats ont signé au moins l'un des six, même si aucun n'a été signé par les sept. Voilà la philosophie et la méthode que je compte poursuivre.

Nous donnons à nos facteurs les outils du numérique numériques : d'ici la fin de l'année, nous doterons près de 15 000 facteurs du smartphone « Factéo » : à la fois téléphone et terminal Internet, il donne accès aux offres, messages et au courrier du groupe ; il servira en outre pour les signatures électroniques, pour les réexpéditions et comme identifiant numérique. Nous pourrons ainsi développer de nouveaux services numériques. Vous me dites que nous disposons de marges de progrès ? C'est une bonne nouvelle ! Fin 2014, 50 000 facteurs disposeront de ce terminal et fin 2015, tous les facteurs en seront équipés.

Le colis concentre l'essentiel de notre activité internationale. Avec GeoPost, qui représente 10 % du volume, 20 % du chiffre d'affaires et 30 % du résultat d'exploitation pour le colis, nous sommes le numéro deux de ce marché colis en Europe. GeoPost nous servira de base pour nous développer à l'international. Plongé dans le bain de la concurrence internationale, notre groupe doit se donner les moyens de progresser. Le succès domestique n'est d'ailleurs possible avec certains grands acteurs du e-commerce et du colis que si nous offrons une ouverture à l'international.

En achats, nous dépensons 3 à 4 milliards par an : c'est considérable. Nous avons signé des chartes avec les PME pour qu'elles puissent suivre en permanence les différents marchés. Nous avons, sous la conduite de Jean-Paul Bailly, lancé un grand appel d'offres national sur le véhicule électrique : nous en avons acheté 10 000 ; plusieurs milliers de véhicules sont allés vers d'autres entreprises. Notre savoir-faire en matière d'achat est reconnu et nous nous efforçons de respecter l'éthique du service public comme celle du développement industriel.

La question des agents reclassés de La Poste est particulièrement complexe. Aujourd'hui, 5 000 personnes sont concernées, sur 250 000 salariés, ou plutôt sur 124 000 fonctionnaires. Elles conservent la possibilité de rejoindre les corps de classification. Leur taux de promotion dans les corps de reclassement est même légèrement supérieur à celui des corps de classification. Nous leur avons permis de rejoindre la fonction publique d'État, mais pour l'instant seules 52 personnes l'ont fait. Il faudra donc poursuivre la négociation. Des milliers d'entre eux ont rejoint le corps de classification. Lors de la réforme Quilès, 90 % des fonctionnaires de La Poste ont rejoint ces corps. Tout en étant attentifs à la situation particulière des agents reclassés, nous devons respecter les règles du droit public et nous montrer équitables. Or, dans son arrêt de 2008, le Conseil d'État a explicitement interdit toute reconstitution de carrière, d'où la complexité de cette question.

La thématique du service public et du service de proximité est essentielle, car une partie de notre activité ressortit bien du service public tandis qu'une autre se situe en-dehors. La loi nous prescrit de rendre certains services d'intérêt général, tandis que nous vendons des services de proximité qui ne seront pas nécessairement des services publics. La Poste doit être capable de développer des services de proximité pour aider nos concitoyens, tout en maintenant et même en développant son offre de services publics.

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