La réalité, c'est que l'émission de gaz à effet de serre conduit au réchauffement. C'est un fait. Les impacts seront analysés par le deuxième groupe. Que va-t-il se passer ? Le réchauffement va repartir. La fin de la civilisation carbone est inéluctable. Il faut arrêter l'addiction aux combustibles fossiles. Les premiers à le faire seront économiquement gagnants, car ne rien faire est catastrophique. L'Agence internationale de l'énergie a un diagnostic plus catastrophiste que le nôtre : elle estime que si nous ne faisons rien avant 2017 nous irons vers un réchauffement compris entre 3,5 et 6 degrés. Elle dit aussi que tout dollar non investi en ce sens dans la prochaine décennie imposera une dépense de quatre dollars dans la décennie suivante. C'est, du strict point de vue économique, une véritable erreur de ne pas lutter contre le réchauffement.
Nous tiendrons une réunion importante à Paris en 2015, et ce davantage grâce à la Chine que grâce aux États-Unis : à Durban, nous n'aurions pas eu d'accord si la Chine n'avait accepté des mesures contraignantes après 2020... Les États-Unis ont été obligés de suivre ! Les Chinois se préparent : ils sont les premiers en solaire, en éolien, et le seront bientôt en nucléaire. Certes, ils sont aussi les premiers en charbon, mais ils ouvrent des centrales beaucoup moins polluantes que celles qu'ils ferment. Les régions les plus développées de Chine commencent à voir leurs émissions diminuer, même si ce n'est pas encore vrai pour l'ensemble du pays. La communauté scientifique chinoise sait parfaitement que le pays sera directement concerné par les conséquences du réchauffement climatique. Elle est très présente dans nos travaux.
L'idée que nous ne devons rien faire car les autres ne feront rien ne me convient pas. La seconde phase du protocole de Kyoto concerne des pays responsables de moins de 15 % des émissions, c'est vrai. Mais aller vers une société sobre en carbone n'est pas une punition, c'est une opportunité. Je me suis d'ailleurs personnellement beaucoup investi dans le débat sur la transition énergétique.
Il n'y a pas de ralentissement. Au cours des quinze dernières années, le réchauffement a été trois fois plus rapide qu'au cours des trente années précédentes. Cependant, la progression n'est pas linéaire. Les modèles prévoient qu'une augmentation continue des gaz à effet de serre conduit à un réchauffement, en revanche, ils ne s'accordent pas sur le calendrier - ils ne savent pas dire quand aura lieu une accélération ou un ralentissement. Mais tous les autres indicateurs sont au rouge : l'élévation du niveau de la mer se poursuit ; la chaleur stockée dans l'océan profond ne cesse de croître. La faiblesse du soleil a pu jouer un rôle lors de la dernière décennie ; mais il y a aussi eu plus de volume de gaz émis par les aérosols.
Quoi qu'il en soit les divergences des modèles sur les variations à court terme ne remettent pas en cause le diagnostic de long terme. L'argument selon lequel le réchauffement s'est ralenti ou arrêté ces dernières années est à écarter : car lorsque le réchauffement s'accélérera à nouveau, il sera trop tard.