La France est parmi les bons élèves en matière d'émissions de gaz à effet de serre, même s'il nous manque une comptabilisation des émissions dues à nos importations. Nous contribuons aux émissions chinoises !
J'admire la modestie des scientifiques. Il est frappant de constater que ceux qui s'expriment le plus sont ceux qui s'y connaissent le moins. Certains physiciens français, comme François Gervais ou Claude Allègre sont sceptiques sur l'idée du réchauffement climatique. Ils ne sont pourtant pas des spécialistes. Vous ont-ils adressé des communications lors de l'élaboration du rapport ?
Il faut faire de la pédagogie. Pourquoi ne pas organiser des réunions régionales ? En Picardie nous réfléchissons à la possibilité de créer une brèche dans les digues afin d'inonder 1000 hectares de polder dont la protection contre les assauts de la mer est très coûteuse. Mais il y a des habitants sur ce territoire... Rien n'est simple.
Cependant, la sensibilisation progresse, je le constate localement. Nous connaissons bien le phénomène de l'érosion des falaises accrue par l'acidité de l'océan... Les gens sont intéressés dès lors que les enjeux sont précis et concrets.
Le 25/10/2013 à 07:24, François Gervais a dit :
Pour répondre, Monsieur le Sénateur, à votre question me concernant, j'ai adressé au GIEC en qualité d'expert réviseur en janvier 2012 un premier rapport de 12 pages sur l'analyse de la première ébauche (First Order Draft) du rapport AR5. J'en ai envoyé copie à Jean Jouzel. En novembre 2012, j'ai adressé au GIEC toujours avec copie à Jean Jouzel, un second rapport. Dans mon premier rapport, j'invitais en particulier le GIEC à superposer la figure 2.1b du rapport AR5, montrant les fluctuations considérables de l'augmentation annuelle du taux de CO2 dans l'atmosphère, avec la figure 2.17, montrant les fluctuations de température durant la même période, car les deux courbes montrent une nette corrélation avec un effet retardé des fluctuations de CO2 par rapport aux fluctuations de température. Les fluctuations du CO2 présentent une telle différence d'amplitude d'une année à l'autre qu'il semble difficile de les mettre sur le compte des seules émissions liées aux activités humaines dont la variabilité annuelle est beaucoup plus faible. Par ailleurs, les fluctuations de température suivent comme leur ombre les fluctuations de CO2, apparaissant en première analyse comme une conséquence, non une cause. Le GIEC n'a cru bon ni de superposer les courbes, ni de proposer une interprétation de cette corrélation. Entretemps, Ole Humlum, éminent climatologue danois, et ses collaborateurs, ont publié dans Global & Planetary Change 100, 51 (2013) un article, en ligne dès 2012, montrant la corrélation entre les deux courbes, et le retard du CO2 sur la température. Dans mon second rapport sur la seconde version du rapport AR5 SOD du GIEC, j'ai donc expressément recommandé de discuter l'article de Humlum puisque dans leurs conclusions, les auteurs relativisent le rôle des activités humaines sur l'évolution du climat : "le CO2 émis par les activités humaines apparemment a peu d'influence sur le taux de CO2 atmosphérique", écrivent-ils, un point décisif qui aurait mérité d'être examiné par le GIEC. Le groupe d'experts peut ne pas être d'accord avec les conclusions d'Humlum, mais, s'agissant d'un point aussi crucial, ne devait-il pas les citer, les discuter et préciser les raisons de son désaccord éventuel ?
Permettez-moi également de souligner, Monsieur le Sénateur, que mon livre "L'innocence du carbone" publié par Albin Michel, prône un développement durable, le développement de l'efficacité énergétique, celui des énergies renouvelables et alternatives. Il insiste également sur le rôle bénéfique de l'augmentation du CO2 sur le verdissement de la Planète, sur la croissance des plantes en général et des récoltes en particulier. Si l'on en croit une étude récente (http://www.co2science.org/education/reports/co2benefits/MonetaryBenefitsofRisingCO2onGlobalFoodProduction.pdf), le bénéfice pour l'Humanité est estimé à 2 700 milliards d'euros depuis 50 ans et sa projection d'ici 2050 estimée à 9 000 milliards d'euros. Dans son rapport, le GIEC considère que les activités humaines seraient responsables de plus de la moitié du réchauffement climatique, le reste étant dû à des causes naturelles. En revanche, et à l'instar de celle de nombreuses autres personnalités scientifiques (cf. liste de 1100 articles scientifiques publiés dans des revues internationales à comité de lecture regroupées sur le site http://www.populartechnology.net/2009/10/peer-reviewed-papers-supporting.html) l'analyse du livre suggère que l'impact des activités humaines sur la température globale de la Planète reste inférieur à celui des causes naturelles. L'Académie des Sciences m'a décerné le Prix Yvan Peyches "pour ma contribution à la compréhension des propriétés infrarouges, allant des oxydes modèles aux verres industriels à haute température". Or le CO2 est un oxyde, et la spectrométrie infrarouge l'outil privilégié pour quantifier l'impact des gaz à effet de serre.
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