Intervention de Christophe-André Frassa

Réunion du 9 octobre 2013 à 22h00
Radio france europe — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Christophe-André FrassaChristophe-André Frassa :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, après la Seconde Guerre mondiale et l’arrêt des conflits qui l’ont longtemps agitée et divisée, l’Europe a pris une nouvelle dimension, tendant progressivement vers une union autour d’un projet commun.

Sous l’impulsion de la France et de l’Allemagne, la Communauté économique européenne, renforcée par les accords de Schengen, a réussi sa transformation en Union européenne, avec le traité de Maastricht, signé le 7 février 1992, qui a prévu à la fois une citoyenneté européenne, une monnaie unique, une politique de sécurité et une politique étrangère communes.

Il s’agit là d’une construction difficile, car les membres de l’Union européenne, derrière une unité de façade, tentent de préserver au mieux leur influence propre.

En dépit des réformes et de l’enrichissement général des citoyens de l’Union, l’aspect trop technocratique des décisions de Bruxelles, la complexité de l’édifice européen et les abandons de souveraineté – souvent mal vécus –, ainsi que les insuccès, par exemple, de la lutte contre le chômage ou encore de la gestion des crises de la vache folle ou des marées noires, et l’incapacité à faire valoir une position commune dans les relations internationales conduisent ces mêmes citoyens à oublier l’essentiel, notamment la nécessité d’aller voter.

La gravité de la crise économique actuelle a exacerbé les interrogations. Aujourd’hui, l’Europe est confrontée un problème : se retrouver autour de valeurs indiscutablement partagées.

Au-delà de la paix et de la prospérité, la nécessité de convaincre cinq cents millions d’habitants de revendiquer une citoyenneté européenne est de plus en plus évidente. L’Union européenne ne peut remplir sa mission qu’à la condition que ses membres partagent un fort sentiment d’unité et d’appartenance.

Selon moi, la création de la radio nationale Radio France Europe, destinée à mieux faire connaître la vie quotidienne de nos partenaires européens, permettrait de rappeler aux Européens qu’ils sont tous porteurs d’un héritage et d’un avenir commun. Je tiens donc à féliciter particulièrement notre collègue Pierre Bernard-Reymond de son initiative : par le biais de la présente proposition de résolution, il demande au Gouvernement la création de ladite radio.

L’idée d’une station de radio développant une connaissance mutuelle des citoyens de l’Union européenne n’est pas totalement nouvelle, mais la proposition de résolution suggère une mise en œuvre inédite.

À cet égard, il faut mentionner l’existence d’Euranet, réseau mis en place sur l’initiative et avec le soutien financier de la Commission européenne. Ce réseau a été lancé par des radios européennes telles que Deutsche Welle, Radio France Internationale ou Radio Netherlands. Il a pour objet « d’améliorer la couverture médiatique venant d’Europe et traitant de l’Europe, […] afin d’encourager la création d’une société civile européenne ». En 2008, seize radios et huit radios associées de quinze pays de l’Union européenne ont commencé à coproduire et à diffuser quotidiennement des émissions sur l’actualité européenne en dix langues. La finalité est de couvrir progressivement toutes les langues officielles de l’Union européenne.

Par ailleurs, le mode de fonctionnement d’Euranet lui permet d’être au plus près de la vie européenne, car les stations de radio participantes fournissent, dans leur langue respective, des actualités, des reportages, des interviews diffusés dans le cadre d’émissions communes. De plus, l’interactivité de ces programmes quotidiens, d’une durée comprise entre trente et soixante minutes, a été renforcée par le lancement d’un portail Internet commun.

Cependant, le barrage de la langue est un frein à la portée de ce réseau. Il faudrait donc qu’une radio française poursuive cette démarche en diffusant sur le territoire français, et dans notre langue, les informations concernant l’ensemble de nos voisins européens.

Des projets ont déjà vu le jour, mais uniquement à un niveau local. Ainsi, Euradionantes, une radio associative, consacre depuis plusieurs années l’ensemble de ses programmes à une meilleure connaissance de nos partenaires européens et des institutions européennes. Des émissions relatives à l’Europe sont également diffusées sur des chaînes locales, mais sur un créneau horaire limité.

Ces initiatives enregistrent de bons taux d’audience, démontrant l’intérêt réel de nos concitoyens pour cette démarche. Il serait donc pertinent de permettre la diffusion de telles informations à l’échelle nationale. C’est l’objet du projet intitulé « Radio France Europe », présenté dans le cadre de la présente proposition de résolution.

Bien évidemment, une telle ambition nécessite un soutien financier pour aboutir. C’est pourquoi ce texte prévoit une prise en charge pour moitié par l’Union européenne. Celle-ci doit agir, comme elle l’a fait avec Euranet, afin de développer une connaissance réciproque entre ses citoyens. Elle pourrait d’ailleurs étendre le projet d’une chaîne nationale européenne aux autres pays partenaires.

Cela étant, son histoire reste encore largement à écrire et je pense que l’adoption de cette proposition de résolution complèterait utilement cette œuvre collective. C’est la raison pour laquelle les membres du groupe UMP soutiendront cette démarche.§

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