Le comité a réalisé un travail remarquable, cherchant à établir un diagnostic partagé puis à dégager, sur chaque sujet, des consensus, avec une patience de brodeuse. En la matière, chaque consensus constitue une avancée. Ce travail s'est révélé difficile, ce qui ne constitue pas une surprise.
J'espère que le développement de la judiciarisation de la vie politique conduira notre génération devant les tribunaux pour son inaction, due à la démagogie ou au manque de courage.
Certains me disent droit dans les yeux qu'ils ne croient pas au dérèglement climatique, ou qu'il n'est pas anthropique. Et d'ajouter qu'il ne faut rien entreprendre, aucun travail politique, pédagogique ou diplomatique. La position est cohérente. Mais je n'y crois pas. À l'étude des rapports du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), on constate que chaque rapport confirme les pires prévisions du rapport précédent : nous atteindrons 3 ou 4 degrés de réchauffement climatique bien avant les prévisions de Kyoto. En niant cette réalité nous flattons nos concitoyens et nous participons au mensonge : nous sommes coupables individuellement et collectivement.
Nous avons abordé le problème de la fiscalité écologique dans le mauvais sens : il ne faut pas commencer par la fiscalité écologique, mais par la compréhension collective des enjeux écologiques et de la transformation des modes de vie ; la fiscalité n'est qu'un outil de cette transformation. Et que pensera le citoyen moyen des écologistes, qui lient leur maintien au gouvernement à une simple question de fiscalité ? Quelle image donne-t-on quand on augmente la TVA sur les transports collectifs de 10 %, tout en refusant de diminuer l'avantage fiscal du diesel, alors même que nous pourrions, de cette façon, financer de nouveaux investissements pour la transition écologique ? Avec 2 centimes d'augmentation du diesel nous n'augmenterions pas la TVA sur les transports collectifs et nous pourrions financer de nouveaux équipements. Quant à l'écotaxe poids lourds, je crains beaucoup pour son avenir.
Moins on en fait, plus on renforce l'idée que la transition énergétique n'est pas possible. Par notre description démagogique du monde dans lequel on vit, et le maintien de fausses exigences en termes de niveau de vie, de compétitivité, de protection sociale, de services publics, sans augmentation d'impôt, nous n'allons nulle part et sommes collectivement des irresponsables.