Je tiens à féliciter notre orateur pour le rôle de médiateur qu'il a su assumer pour s'emparer d'un dossier qui a suscité, par le passé, de nombreux débats. Car les interrogations suscitées par la politique fluviale en France ne sont pas nouvelles : en 1976, j'avais participé, au sein du Conseil économique et social, à la rédaction d'un rapport sur l'avenir des ports français et nous avions alors interrogé les chambres de commerce sur les modalités du lancement éventuel d'une politique nationale dans ce domaine.
Par la suite, je me souviens des préférences du ministère des transports, clairement affichées en faveur du transport routier plutôt que pour le fluvial. Votre projet traduit ainsi le changement réel de mentalité qui est en train de s'opérer sur cette question.
J'indique que la SAFER a constitué une réserve de près de 1 200 hectares pour permettre la réalisation du canal et les céréaliers soutiennent cette initiative. Dans mon département, la Somme, ce sont huit points entiers destinés au chargement des céréales qui ont été aménagés sur ces quinze dernières années. Par ailleurs, près de 80 millions d'euros ont été mobilisés sur une autre plateforme voisine pour coller au mieux au projet d'aménagement du Canal. Les attentes des acteurs sur le terrain, qui sont réelles, ne risquent-elles pas d'être déçues par le calendrier annoncé, qui fixe une décennie comme horizon, puisque les investissements ont déjà été programmés ?
En outre, il importe de veiller à la visibilité du projet auprès des acteurs du terrain tout au long de sa mise en oeuvre. En raison de la crédibilité et du capital de confiance qui sont désormais les vôtres, il me paraît essentiel que vous assuriez cette concertation avec les acteurs durant toute cette période.
S'agissant de la progressivité nécessaire des investissements que vous avez évoquée, celle-ci nous obligera à prendre en compte les plateformes déjà existantes, comme à Auneuil où le trafic s'élève à 1 800 000 tonnes de fret, avec une seule usine qui assure 900 000 tonnes d'écrasement de céréales, et ce, sans que le canal ne soit mis en service. D'ailleurs, sa réalisation implique de s'interroger sur le devenir de la plateforme de Noyons, voire de celle de Péronne, qui alimentent toutes deux la région parisienne.
Enfin, la conduite du projet demeure tributaire de l'évolution de la direction de Voies Navigables de France qui peut avoir des conséquences sur l'implication de l'État.