Ne le prenez pas personnellement, mais je serai moins enthousiaste que mes collègues : pour moi, vous ne faites qu'appliquer une politique générale, que vous ne définissez guère et qui manque de cohérence. C'est vrai pour la mobilisation de l'épargne : faute de soutien à l'épargne populaire, vous devez vous financer sur les marchés ; dans le même temps, le réseau de la Caisse, en faisant remonter l'épargne à Paris avant de la prêter aux collectivités, assèche les ressources en région ; le tout n'est pas sans incidence sur les taux auxquels vous prêtez : votre marge est supérieure à la couverture du risque bancaire habituel, d'autant que vous avez une gestion qu'on peut qualifier de facile puisque vous vous adossez à l'Etat - au point qu'on peut se poser cette question : si la Caisse devait répondre aux mêmes exigences de rentabilité que les banques, prêterait-elle aux taux actuels ?
Le manque de cohérence de la politique financière de notre pays se confirme lorsque les banquiers recommencent la titrisation sur des prêts immobiliers - et qu'ils le réclament à cor et à cri, parce qu'ils y voient une « bouffée d'oxygène » : ne repart-on pas sur la mauvaise voie, celle qui nous a conduit à la crise financière ?
Plus près de vous, les trois principaux dirigeants de Dexia viennent d'augmenter leur rémunération de 30 %, alors que cette entreprise n'est certainement pas un modèle de bonne gestion : quel est le rôle de la Caisse, que pesez-vous dans cette gestion ?
Finalement, la principale action que je reconnais à la Caisse, puisque pour l'ensemble vous ne faites qu'appliquer une politique générale que vous ne décidez pas, c'est celle d'augmenter les coûts bancaires, avec son système de prélèvement centralisé : ne vaudrait-il pas mieux laisser la collecte de l'épargne aux régions ?