Intervention de Sylvie Bigot-Maloizel

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 27 février 2014 : 1ère réunion
Prostitution — Audition de Mme Sylvie Bigot-maloizel docteure en sociologie au centre d'études et de recherches sur les risques et les vulnérabilités cerrev de l'université de caen-basse-normandie

Sylvie Bigot-Maloizel, docteure en sociologie :

Il est difficile d'évaluer des proportions pour les clients, comme il est difficile de quantifier la prostitution en général. Il n'y avait qu'un seul « comédien » dans mon échantillon, et le discours des « escorts » laisse entendre que ce type est rare. Il s'agissait dans le cas d'espèce d'accompagner des clients ou des clientes homosexuelles pour donner en public l'image du couple hétérosexuel. Les « récréatifs égoïstes » sont sans doute plus nombreux que les « récréatifs relationnels ».

Les « escorts » dans une relation de domination ne font pas de distinction avec la prostitution. Celles qui se conçoivent comme prestataires de service peuvent avoir les deux conceptions : soit elles s'estiment mieux loties que les prostituées de rue dont elles ont une image dévalorisante - du « bas de gamme » - et qui, s'abaissant à des prestations qu'elles refusent, ne peuvent pas sélectionner leurs clients ; soit elles considèrent qu'il s'agit de deux manières d'exercer la même activité. Enfin, celles qui conçoivent leur activité comme une relation de courte durée, ne parlent pas de clients mais « des hommes qu'elles rencontrent », niant ainsi le caractère tarifé de la relation.

Les clients utilisent en effet un véritable jargon sur les sites tels qu'« escortfr.net », mais ceux qui recherchent les débutantes utilisent les sites de rencontres classiques et finissent par proposer de payer.

En ce qui concerne l'« escorting » homosexuel, les « escort boys » que j'ai rencontrés offraient des services aux hommes et aux femmes, mais étaient majoritairement sollicités par les hommes, même les « escort boys » qui affichaient leur hétérosexualité. L'un d'entre eux, en couple hétérosexuel et père de famille, a par exemple commencé son activité pour assouvir un fantasme homosexuel lorsqu'il a été sollicité pour une relation tarifée en boîte de nuit.

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