Intervention de Aude Harlé

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 27 février 2014 : 1ère réunion
Prostitution — Audition de mmes sophie avarguez directrice du département de sociologie de l'université de perpignan et aude harlé maîtresse de conférences en sociologie

Aude Harlé, maîtresse de conférences en sociologie :

Les jeunes des Pyrénées-Orientales développent un imaginaire en matière d'esthétique, de normes, de comportements, de rôles des hommes et des femmes. Cet imaginaire a d'abord été dessiné dans le milieu de l'industrie de la pornographie.

Si les jeunes sont lucides quant aux différences entre la sexualité dans la vie réelle et la pornographie ou l'univers du « porno chic », les « puticlubs » catalans parviennent à leur proposer un lieu concret où pourra s'exprimer cet imaginaire. Lors des entretiens, les jeunes soulignent que les personnes qui se prostituent dans les clubs sont « comme dans les films, dans les émissions de téléréalité ou dans Playboy », mais « pas comme dans la vraie vie ». Ce discours a évidemment des incidences pour les jeunes femmes qui peuvent souffrir de la comparaison avec cette esthétique corporelle.

Les clubs illustrent le concept « d'hétérotopie » développé par Michel Foucault, puis repris et précisé par le sociologue canadien Charles Perraton, à travers le concept « d'hétérotopie disneyenne ». L'hétérotopie désigne le passage d'un monde utopique, immatériel, à un monde réel, dans lequel l'utopie peut se concrétiser. De la même manière que le parc d'attraction concrétise, pour les enfants, l'utopie des films d'animation, les clubs représentent pour ces jeunes le lieu de concrétisation de leur utopie pornographique, viriliste et consumériste.

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