Intervention de Lucas Chuffart

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 27 février 2014 : 1ère réunion
Prostitution — Audition de Mme Florence Montreynaud historienne et M. Lucas Chuffart co-fondateur du réseau zéromacho des hommes contre la prostitution

Lucas Chuffart, co-fondateur du Réseau Zéromacho, des hommes contre la prostitution :

Nous essayons effectivement d'agir avec humour, en employant des méthodes sans violence, même dans le vocabulaire que nous choisissons. Nous sommes vigilants sur les mots que nous utilisons. Ainsi, nous ne parlons pas de « client », mais de « client-prostitueur » et n'employons pas le mot « pute » ou « fille », mais évoquons les « personnes en situation de prostitution », pour souligner qu'elles n'y sont pas condamnées à vie. L'emploi d'un vocabulaire inadapté, comme c'est le cas dans les médias, biaise le débat et nuit à l'évolution des mentalités pour l'égalité et contre la prostitution. La prostitution vient d'ailleurs d'être reconnue par l'Union européenne il y a quelques jours comme une violence faite aux femmes ; c'est un soutien de poids dans notre combat et pour la proposition de loi qui sera bientôt débattue au Sénat. Cette résolution portée par une députée anglaise, Mary Honeyball, indique que « la prostitution constitue une des formes les plus graves des violences faites aux femmes et un obstacle à l'égalité ».

J'ai refusé très jeune la prostitution. Lorsque j'avais dix ans, ma mère nous a dit, à moi et à mes frères et soeurs : « Ces femmes que vous voyez sur le trottoir ont droit au respect ». Dès mon enfance, j'ai compris que le corps de l'autre n'était pas à vendre.

Il faut éduquer les enfants et les jeunes adolescents au respect de l'autre. Nous observons des cas fréquents, dans les collèges et les lycées, de jeunes garçons qui prennent le téléphone portable des filles et ne le rendent que contre des services sexuels. Ces jeunes garçons ignorent qu'ils commettent un crime et certains y trouvent même matière à fanfaronner.

Par ailleurs, si les médias nous ont renseignés sur les situations de prostitution à travers le monde, ils entretiennent une certaine complaisance vis-à-vis du sujet. Sur certains plateaux de télévision, on constate un déséquilibre dans la parole donnée aux prostitueurs et la parole donnée aux représentants de la lutte contre la prostitution : cette dernière est trop peu relayée.

Je regrette, pour ma part, le silence de l'Église catholique sur cette proposition de loi, qui tranche avec l'orchestration des protestations contre la loi sur le mariage pour tous. Il est dommage qu'en un tel lieu ne puisse s'exprimer une parole encourageante lorsque les lois vont dans le sens d'un plus grand respect de l'autre et d'une meilleure humanité. Hier, j'ai reçu le témoignage d'un pasteur protestant allemand, que je partagerai avec vous : « A travers mon travail de pasteur, je sais combien toute forme de violence sexuelle traumatise une personne ».

Le système prostitutionnel met à mal les valeurs républicaines de liberté, en contraignant les femmes à une forme d'esclavage, d'égalité, entre les femmes et les hommes ou entre les pauvres et les riches, et de fraternité. La loi en discussion ne peut que renforcer les valeurs fondamentales de la République.

Je terminerai en indiquant que le réseau Zéromacho prépare pour le 24 mai dans plusieurs villes d'Europe une action de communication en faveur de l'égalité entre hommes et femmes devant les tâches domestiques. L'initiative en revient à des groupes d'hommes favorables à l'égalité en Espagne. Nous disposerons des tables de repassage et afficherons le slogan « Ne te froisse pas, repasse ! » afin d'inviter à réfléchir à un autre partage des tâches domestiques.

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