Je suis fier de vous présenter ce projet de budget de la défense, que je n’ai pas préparé mais que j’assume bien entendu totalement.
Ce projet de budget se réfère notamment au Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale et à la loi de programmation militaire pour les années 2009 à 2014. Il s’inscrit en outre dans un monde en plein changement, qui nous oblige à nous adapter en permanence aux nouvelles menaces et à veiller aux intérêts de notre pays sur la scène internationale.
De ce point de vue, le mois de novembre a connu une actualité diplomatique particulièrement intense, avec le sommet de l’OTAN à Lisbonne, les 19 et 20 novembre, et la signature, le 2 novembre, d’un traité de défense et de sécurité entre la France et le Royaume-Uni.
Le sommet de l’Alliance atlantique de Lisbonne a été, à mon sens, important et positif. La France a obtenu satisfaction dans un grand nombre de domaines, par exemple au travers de l’affirmation d’une volonté de réforme interne de l’OTAN très ambitieuse. Le secrétaire général de l’Alliance s’est ainsi engagé à mener à bien, dans les prochaines années, une restructuration qui aboutira à la baisse de 30 % des effectifs des états-majors de l’Alliance, au passage de quatorze à trois du nombre des agences spécialisées et à la réduction de 60 % du nombre des comités. Je ne ferai offense à personne en disant que l’Alliance est quelque peu bureaucratique ; elle s’est véritablement engagée dans un processus de réforme destiné à améliorer son efficacité, comme le voulaient un certain nombre d’États membres, au premier rang desquels figurait la France.
Ce sommet nous a aussi permis de prendre un nouveau départ dans la relation avec la Russie. Que le Président des États-Unis, le Président de la Russie et le Président de la République française marchent d’un même pas sous le sigle de l’OTAN, vingt ans à peine après la chute du mur de Berlin, a constitué un symbole fort.
Au cours du sommet de Lisbonne ont également été évoquées la situation en Afghanistan – j’en reparlerai –, la défense antimissile et la dissuasion nucléaire.
Je voudrais maintenant répondre aux questions que vous avez bien voulu me poser. Je précise que je ne suis pas là pour justifier mes propres positions, mais pour défendre celles du Gouvernement. J’espère néanmoins que les quelques réflexions suivantes permettront d’éclairer le débat.
Tout d’abord, je n’ai jamais été hostile au retour de la France au sein de la structure militaire intégrée de l’OTAN. Cela est d’autant plus vrai que, en 1995, Jacques Chirac et moi-même avions essayé d’engager ce mouvement, en fixant deux conditions : un meilleur partage des responsabilités, au sein de l’Alliance, entre les Américains et les Européens, d’une part, la réalisation de progrès sur la voie de la mise en place d’une défense européenne digne de ce nom, d’autre part. À cette époque, aucune de ces deux conditions n’avait été satisfaite.
Depuis, beaucoup de choses se sont passées. Lors du sommet de Saint-Malo des 3 et 4 décembre 1998, la Grande-Bretagne a accepté, pour la première fois, l’idée qu’une défense européenne capable de se doter des moyens d’agir de manière autonome n’était pas en contradiction avec l’Alliance atlantique. Par ailleurs, des progrès significatifs ont été accomplis en matière de défense européenne, puisque nous avons su mener dans ce cadre une bonne vingtaine d’opérations extérieures, notamment l’actuelle opération Atalante, placée sous commandement britannique.
Ces progrès ont-ils été confirmés ? Je pense que nous pouvons répondre par l’affirmative.
Ainsi, l’un des deux commandements suprêmes stratégiques de l’Alliance atlantique, le SACT – le commandement suprême allié Transformation, affecté à la transformation de l’Alliance –, dont le siège est à Norfolk, a été confié à un général français, le général Abrial.