Le lien entre climat passé et climat futur peut être démontré grâce au continuum qui existe entre les modèles de la prévision météo et du climat. La simulation nécessite une échelle large, des mailles de 50 à 300 kilomètres : l'information ne peut donc pas être très fine. Une descente d'échelle permet d'augmenter la résolution géographique pour des besoins locaux. Il y a néanmoins une limite physique en dessous de laquelle il est impossible de descendre. Les données semblent précises, mais doivent être prises comme des scénarios possibles, et non comme des prévisions. Pour être plus proche de la réalité, il faut moyenner sur une période longue.
Les incertitudes proviennent de différents éléments : les scénarios d'émissions de gaz à effet de serre - nous utilisons ceux du Giec ; les modèles de prévision ; la variabilité climatique, que nous atténuons par l'usage de moyennes ; la méthode de régionalisation. Elles nécessitent un accompagnement explicatif pour que l'interprétation ne soit pas faussée. Le climat passé est important pour les projections climatiques, en tant qu'illustration pour faire mieux comprendre l'amplitude et les conséquences réelles du changement climatique. Il faut s'appuyer sur ces références pour rendre perceptible un futur pour ainsi dire inconcevable.
Drias, ouvert il y a deux ans, est un portail internet gratuit destiné à diffuser le plus largement possible la connaissance scientifique sur le changement climatique. Il permet une navigation cartographique des données à une échelle de carrés de 8 kilomètres - le mieux que nous puissions faire - selon plusieurs scénarios, plusieurs modèles, plusieurs horizons de temps, et plusieurs paramètres climatiques. Les données brutes peuvent être téléchargées pour construire des études à façon, comme par exemple sur l'importance des vagues de chaleur, que l'on peut représenter par des graphiques percutants.
De nouveaux indicateurs climatiques ont été ajoutés récemment en lien avec les utilisateurs ; en 2014, les nouveaux scénarios du Giec seront intégrés ; le champ couvert s'étendra à l'outre-mer ; des produits passé-futur seront créés. L'expérience est très satisfaisante, avec une audience notable et de nombreuses questions posées sur la hotline. L'objectif est de construire un véritable service pérenne répondant au mieux aux besoins des utilisateurs.
Il sera intéressant, en particulier, de mettre en évidence l'impact du changement climatique sur un secteur économique donné - nous avons besoin pour cela de croiser les données, grâce à un travail en collaboration. L'enjeu est de capitaliser sur Drias et de le faire progresser pour qu'il devienne un service de référence sur l'adaptation au changement climatique. L'alliance de recherche pour l'environnement Allenvi l'aidera, notamment en coordonnant - cela commence tout juste - des portails de données sur le changement climatique et ses impacts. Signalons le lancement de Copernicus, programme de services climatiques au niveau européen. Le site contient une présentation des précautions d'emploi, un mode de navigation initiation et un mode expert, ainsi qu'une mosaïque de cartes sur lesquelles il est possible de zoomer.