La France peut s'enorgueillir de posséder l'un des meilleurs modèles de prévision climatique. Nous l'avons confronté aux données du passé et il s'est révélé robuste. Notre savoir-faire pourra être mis en avant lors de la « COP 21 », la Conférence de Paris, l'an prochain. Nous pouvons le proposer aux pays du Sud, avec des données, des formations, etc.
Tous les événements passés ont été enregistrés. Nous avons harmonisé nos données dans le temps pour supprimer les biais dus aux instruments de mesure ou aux méthodes. Nous disposons ainsi d'archives fiables sur trente ans.
Les prévisions sont plus délicates, en raison des incertitudes qu'a mentionnées M. Maocec. Je suis peu favorable à la présentation de nos prévisions sous forme de shows à l'américaine. Une carte des risques a l'avantage d'être spectaculaire mais elle pourrait stigmatiser des pays confrontés au risque de montée des eaux, dissuader les investisseurs, casser des marchés, entraînant des conséquences économiques insoupçonnées. Nous n'avons pas de certitudes. Nous manipulons des données potentiellement explosives. Il nous faut faire preuve de pédagogie, avancer dans une démarche d'accompagnement, être prudents. Les scientifiques et tous les professionnels doivent parler du futur sans donner l'illusion qu'ils possèdent des certitudes. Il est impossible de prédire si le maïs poussera ici ou là à cause du réchauffement climatique, ni à quelle échéance. Sur notre portail Drias nous favorisons l'initiation, et donnons accès à l'expertise, pour que les gens se familiarisent avec les modèles, les effets provoqués par le changement d'une variable ou des paramètres. Notre devoir est d'éviter les surinterprétations aux effets néfastes. Chaque fois que nous mettons en ligne de nouvelles catégories de données, nous prenons de multiples précautions et avons de nombreux échanges avec les organismes concernés. Beaucoup de gens consultent notre site, qu'ils soient Français ou étrangers, experts ou grand public. Notre site est très visité ; nous n'avons pas encore fait de bilan sur les échanges avec l'extérieur par le biais de notre hotline. Nous sommes au premier stade d'une approche plus simple, plus visuelle, pour le grand public.
À Londres je rencontrerai demain les représentants des autres services européens de prévision climatique. L'Union européenne prend de plus en plus d'initiatives, notamment avec la couverture du globe par satellite. Nous sommes très sollicités car nous travaillons à la frontière de la recherche et de l'opérationnel. L'objectif est d'avancer ensemble, sans discrimination, dans la mise à disposition de données. Copernicus sera un catalyseur pour la création de services destinés au grand public.