Intervention de Nicolas Bériot

Commission du développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire — Réunion du 8 juillet 2014 : 1ère réunion
Avancement du projet de cartes d'anticipation du changement climatique — Audition de Mm. Pascal Berteaud directeur général de l'institut national de l'information géographique et forestière ign nicolas bériot secrétaire général de l'observatoire national sur les effets du réchauffement climatique onerc et jean-marc lacave président-directeur général de météo france

Nicolas Bériot, secrétaire général de l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) :

Les décisions d'investissement ou les politiques publiques à une échéance de vingt ans doivent tenir compte du changement climatique. Le réchauffement est déjà une réalité. Au XXe siècle les températures moyennes se sont accrues de 0,8 degré ; or, entre une ère glaciaire et une période interglaciaire, l'écart de température n'est que de 5 à 6 degrés, c'est dire l'ampleur de l'évolution. Toute décision doit se fonder sur de multiples paramètres : la météo, la température, les précipitations, la sensibilité et la résistance aux extrêmes, la nature des ressources à disposition, la réglementation, etc. Le raisonnement sur l'adaptation est riche. À l'exception des Pays-Bas qui ont pris le problème à bras le corps, peu de pays se sont encore préparés. Une autre difficulté tient à la complexité des modèles et à l'incertitude. Le raisonnement linéaire n'est pas suffisant...

M. Fabius, ministre des affaires étrangères, en charge de la négociation climatique internationale, emploie le terme de dérèglement climatique, plus saisissant que celui de changement. Cela me semble justifié au regard des déséquilibres actuels et de la vitesse d'évolution des paramètres. Il faudra attendre des dizaines d'années pour parvenir à un nouvel équilibre. Le changement climatique est là. Même en adoptant des mesures urgentes, ses conséquences iront en s'aggravant en raison de l'inertie des processus.

Nous ne raisonnons pas encore en termes de changement structurel, préalable à la transition écologique. Mais il peut y avoir de bonnes surprises. Dès que ce pas sera franchi, il s'accompagnera sans doute de ruptures scientifiques ou technologiques.

Les dégâts augmentent, ainsi que le coût des catastrophes, mais le changement climatique n'est pas le seul responsable. La vulnérabilité des sociétés s'est accrue, les fragilités systémiques se révèlent.

La création d'une réserve collinaire constitue parfois une solution, mais il faut apprécier chaque situation au cas par cas, en s'appuyant sur des études locales. Certes il faut prendre conscience de la nécessité d'agir, pour autant rien ne sert d'agir dans la précipitation. Il faut se mettre au travail aujourd'hui mais il serait excessif de dire que toutes les décisions doivent être prises aujourd'hui.

L'Onerc travaille avec les administrations centrales en charge de l'urbanisme, comme la direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP). Certaines agences de l'urbanisme ont été associées à l'élaboration du plan national d'adaptation au changement climatique en 2010. Nous commençons seulement à aborder le thème de la ville durable. Bien des colloques lui sont consacrés à l'étranger depuis déjà un certain temps.

Il n'y a pas de pays en avance en matière d'adaptation. Nous sommes tous débutants. Les pays en développement ont beaucoup à nous apprendre, à l'image du Bangladesh qui, depuis dix ou quinze ans, a développé de nouvelles approches. Certains pays en proie à un problème identifié ont réfléchi au sujet, comme les Pays-Bas ou les pays situés dans les deltas fluviaux. Mais chacun découvre en avançant.

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