Intervention de Pierre Mongin

Commission du développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire — Réunion du 16 juillet 2014 : 1ère réunion
Audition de M. Pierre Mongin candidat proposé aux fonctions de président-directeur général de la régie autonome des transports parisiens ratp en application de la loi organique n° 2010-837 et de la loi n° 2010-838 du 23 juillet 2010 relatives à l'application du cinquième alinéa de l'article 13 de la constitution

Pierre Mongin, président-directeur général de la RATP :

Merci pour ces questions précises et riches. Effectivement, la qualité du service public de transport dépend d'un grand nombre de facteurs, nos clients sont exigeants y compris sur les normes environnementales, un domaine où nous sommes d'autant plus volontaires que Paris doit être exemplaire au moment d'accueillir la conférence mondiale sur le climat et que nous avons là un secteur très prometteur pour les entreprises françaises.

La tarification m'échappe complètement : elle est entre les mains du Conseil régional et du STIF, auxquels nous faisons clairement valoir que notre développement ne doit pas se faire par une aggravation de notre dette, ce qui implique que nos projets soient financés. Dans ce dialogue constant, je défends nos tarifs sociaux avec la même résolution : ils sont uniques en Europe par leur extension, bénéficiant à quelque 700 000 personnes, ce qui justifie que nous soyons inflexibles contre les fraudeurs ; la fraude représente environ 5 % du trafic dans le métro et 10 % dans le bus, soit un manque à gagner de 100 millions par an, nous affectons un millier de postes à temps-plein contre les fraudeurs : l'effort que la collectivité déploie avec les tarifs sociaux est suffisamment important pour ôter toute justification à la fraude. Je crois également que nous ne devons pas baisser la garde en matière tarifaire au moment où les collectivités locales ont de plus en plus de difficulté à mobiliser des moyens pour les transports publics.

L'innovation technologique a toujours été, effectivement, au coeur du développement de la RATP et c'est bien parce que j'y ai trouvé, en 2006, un potentiel unique au monde, que j'ai fait ce projet d'une entreprise au plus haut niveau mondial pour le mass transit : c'était nécessaire, sous peine de disparaître avec la décentralisation puis l'ouverture à la concurrence. Nous avons largement atteint notre objectif par nos positions de leader dans le transport à très haute densité, grâce notamment au RER A et à son million de voyageurs par jour... Nous innovons constamment, nous nous associons aux meilleures entreprises françaises, comme le montre le partenariat que nous venons de lancer avec Alstom, dans une entreprise de R&D sur la signalisation et que nous détenons chacun pour moitié.

Nous sommes pleinement engagés dans les projets de ville « intelligente », nous participons aux démonstrateurs et nous serons crédibles sur ce chapitre à condition d'être nous-mêmes exemplaires, tout comme sur celui des transports « propres ». Le numérique bouleverse le fonctionnement de notre entreprise, nos métiers, nous avons par exemple installé un PC unique pour l'ensemble de notre réseau de bus, c'est d'un seul point que les bus sont cadencés, que les voyageurs sont informés en temps réel, tout ceci grâce à une géolocalisation et à des radio-transmissions que le numérique a entièrement renouvelées. D'ici deux ans, nous mettrons en place un logiciel qui proposera au client, mieux qu'un temps de trajet, une comparaison multimodale de son itinéraire porte à porte, incluant tous les modes de transports, y compris la marche, avec un guidage précis, en particulier pour les malvoyants. C'est cette vision de la ville « intelligente » que nous faisons prévaloir : celle où le numérique donne les moyens de traiter de grandes masses, mais où la technologie est au service de l'individu, de sa liberté, de ses préférences.

Comment améliorer la sécurité dans les transports en commun ? C'est une question complexe, sur laquelle nous travaillons constamment. Nous transportons en moyenne onze millions de voyageurs par jour, comment les garantir contre tout incident, contre toute violence ? Dès mon arrivée, j'ai choisi d'équiper notre réseau en vidéo-protection : 9000 caméras ont été installées sur l'intégralité de nos points fixes - gares, stations -, 16 000 dans les bus, tous les bus, nous sommes le réseau le plus équipé de France. Ce choix a été contesté au départ, on constate aujourd'hui que ces moyens aident à l'élucidation des affaires, avec un taux bien supérieur à celui des autres espaces publics, en particulier pour des délits que la police considère souvent comme très difficiles à poursuivre, par exemple le vol de téléphones portables. Grâce à la reconnaissance des individus, rendue possible par la vidéo-surveillance, le réseau de la RATP est plus sûr que bien d'autres espaces publics...

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