Intervention de Philippe Dallier

Réunion du 6 novembre 2014 à 9h30
Programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 — Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Photo de Philippe DallierPhilippe Dallier :

... et que nous adaptions notre politique en conséquence ?

C’est ce que fait le gouvernement allemand, qui ajuste chaque année sa politique économique et budgétaire en fonction du scénario le plus défavorable. En France, et cela ne date pas d’hier – je le reconnais bien volontiers –, le Gouvernement retient les hypothèses qui lui conviennent.

Cet optimisme forcené, qui confine à l’insincérité, nous le retrouvons dans les propos du ministre des finances, qui, il y a deux jours encore, jugeait, avec un certain dédain, que la prévision de la Commission européenne, trop pessimiste à son goût, « ne signifie rien » !

Pourtant, jamais notre pays n’a connu un tel niveau de chômage, jamais le pessimisme, des particuliers comme des entrepreneurs, n’a été aussi général. Il paraît que les Français sont plus pessimistes que les Irakiens ou les Afghans... C’est tout dire !

Nous venons, par ailleurs, de dépasser le seuil des 2 000 milliards d’euros de dette et nous nous dirigeons lentement, mais, je le crains, sûrement, vers le franchissement de la barre symbolique d’un taux d’endettement équivalent à 100 % du PIB...

Tout cela, monsieur le secrétaire d’État, signifie bien quelque chose : notre pays s’enfonce et les Français n’y croient plus...

Non seulement vous n’avez pas tenu les objectifs de la loi de programmation de 2012, celle que vous aviez fait adopter, mais vous allez probablement réaliser l’exploit en 2014, et cela pour la première fois depuis la crise de 2009, de voir le déficit public augmenter d’une année sur l’autre !

Décidément rien ne va plus, comme on dit dans les casinos. La roue tourne et nul ne sait sur quelle case la boule va s’arrêter.

Notre économie sur laquelle, rappelons-le, repose en partie la zone euro, ne tient plus qu’à la bonne volonté des marchés financiers, qui nous préservent encore d’une explosion de la charge de la dette grâce à des taux d’intérêt historiquement bas. C’est ce que Philippe Marini appelait « l’insoutenable légèreté de la dette ».

On ne peut d’ailleurs que s’inquiéter du fait que le risque d’augmentation de la charge de la dette, lié à une hausse des taux d’intérêt, ne soit pas mieux pris en compte dans ces prévisions, lorsque l’on sait ce que représenterait, en quelques années seulement, une augmentation de seulement 100 points de base des taux. Notre rapporteur général en a fait la démonstration en commission des finances, et je l’en remercie.

Le projet de loi de programmation des finances publiques que nous examinons aujourd’hui est donc, tout à la fois, le symbole de l’échec de la politique que vous avez conduite depuis deux ans et demi et, malheureusement, la démonstration que vous n’aurez pas le courage politique de faire le nécessaire pour inverser le cours des choses.

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