Intervention de Vincent Capo-Canellas

Réunion du 6 novembre 2014 à 15h00
Programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 — Article 1er

Photo de Vincent Capo-CanellasVincent Capo-Canellas :

Je souhaitais rassurer Jean-Pierre Caffet, que j’ai écouté comme toujours avec plaisir, sur la question du calendrier. Il y a le temps de la stratégie, c’est celui de ce projet de loi de programmation des finances publiques ; il y a le temps de la mise en œuvre, c’est celui dont il sera question lors du débat budgétaire. Nous pourrons alors discuter sereinement des amendements tendant à baisser la dépense publique, non pas par simple posture philosophique, mais parce que nous pensons que cette baisse est inévitable : si le pays ne réduit pas sa dépense, il ne fait pas reculer son déficit ; il risque donc, à terme, de se heurter au mur de la dette, d’être pris dans une tenaille d’où il ne pourra se sortir.

Nous le savons, si nous ne réduisons pas la dépense publique, nous devrons nous adresser aux marchés et donc faire face au risque potentiel de remontée des taux.

Nous avons été quelques-uns à le souligner lors de la discussion générale, la situation objective de notre pays dépend d’événements et d’éléments totalement extérieurs. Certains pays ont déjà fait des réformes ; ils ont, par conséquent, moins besoin que nous de faire appel aux marchés. La France est donc actuellement relativement intéressante pour certains fonds qui ont besoin de placer leurs liquidités. Mais tout cela n’a qu’un temps ! Et cela nous met dans une situation d’extrême fragilité, surtout si ces fonds sont placés dans une optique spéculative. Or nos travaux en commission des finances ont montré la très grande sensibilité de notre pays à une éventuelle remontée des taux.

Il faut donc traiter ce problème, ce qui implique de donner des signaux, en montrant que nos fondamentaux économiques s’améliorent, et de baisser le niveau de la dette. De ce point de vue, nous pensons que la trajectoire budgétaire que vous avez retenue est trop optimiste, monsieur le secrétaire d’État.

Naturellement, la question du réglage, soulevée à juste titre par Jean-Pierre Caffet, se pose aussi. Mais chaque gouvernement européen doit y faire face. Elle requiert d’opérer des choix entre le court terme et le moyen terme. Le risque est évidemment d’être confronté à un effet récessif de court terme, qu’il s’agit donc d’anticiper, d’évaluer et de traiter. En revanche, on sait très bien que, si rien n’est fait à court terme, le mur se rapprochera de nous à moyen terme.

Dans cette perspective, nous avons le sentiment que le réglage proposé par le Gouvernement n’est pas le bon, tout simplement parce qu’il fait la part belle au court terme, sans préparer l’avenir.

La difficulté est de s’adapter à cette réalité et de trouver le réglage qui permettra de faire des économies aujourd’hui sans trop affecter l’activité, pour préparer la croissance de demain.

Un élément de fond nous sépare, chers collègues socialistes : nous pensons, nous, que la politique que vous menez ne nous permettra pas de prendre le train de la croissance. C’est la double peine : non seulement les déficits vont augmenter, mais surtout nous ne créons pas les conditions de la croissance !

Je ne reviendrai pas sur ce qui vient d’être fort bien dit par différents orateurs ; j’évoquerai seulement les réformes structurelles, qu’il faut mener même si c’est difficile. Mais le pays, je le crois, peut entendre la voix de la responsabilité : faire des efforts aujourd’hui pour que cela aille mieux demain.

Nous avons collectivement conscience qu’il n’y a pas eu assez d’efforts faits dans le passé, au cours d’exercices budgétaires dans lesquels nous avons aussi une part de responsabilité. Il s’agit désormais de regarder devant nous, et de créer les conditions pour qu’un consensus réaliste se dégage.

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