Intervention de Nathalie Kosciusko-Morizet

Réunion du 26 novembre 2010 à 22h15
Loi de finances pour 2011 — Questions-réponses-répliques

Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre :

Madame la sénatrice, la création d’un compte d’affectation spéciale du Trésor représente, vous en conviendrez, une clarification dans la mesure où un certain nombre de lignes étaient structurellement déficitaires. Celles-ci correspondaient néanmoins, et c’est toujours le cas, à une nécessité en matière d’aménagement du territoire.

De fait, des transferts existaient à l’intérieur de l’entreprise SNCF entre les lignes bénéficiaires et les lignes déficitaires. Cela étant, de tels transferts n’étaient pas rendus visibles ce qui, dans un contexte d’ouverture à la concurrence, risquait d’être dommageable pour l’entreprise.

La création du compte d’affectation spéciale répond donc à un souci de lisibilité et de protection de l’entreprise. Elle s’est effectuée en toute transparence, dans le cadre d’une convention d’exploitation négociée entre l’État et la SNCF pour une durée de trois ans – elle pourra donc être rediscutée à l’issue de ce délai –, dont le périmètre englobe l’ensemble des trains d’équilibre du territoire.

Cette convention est très complète, puisqu’elle décrit toutes les obligations de la SNCF en termes de desserte, de qualité de service et d’entretien. Elle est également incitative, puisque le calcul de la compensation intègre un bénéfice souhaitable pour l’entreprise équivalent à 3 %, mais aussi un système de bonus-malus sanctionnant les résultats de l’entreprise. Enfin, cette convention est construite de manière à ne pas mettre en difficulté la SNCF, puisque la compensation est plafonnée à 210 millions d’euros par an, conformément aux projections de l’audit : la prévisibilité n’a pas été oubliée.

Oui, madame Schurch, pour créer ce compte d’affectation spéciale, nous avons choisi de faire appel à deux types de recettes : l’effort pèsera, d’une part, sur les autoroutes, d’autre part, sur la SNCF. En réponse à votre objection, je vous ferai observer que ce financement représente une amélioration nette par rapport à la situation antérieure.

Jusqu’à présent, toute la péréquation s’effectuait de manière inavouée au sein de la SNCF : les lignes bénéficiaires subventionnaient les lignes déficitaires. Dorénavant, la compensation sera visible, explicite et ne sera assurée que partiellement par la SNCF, le reste incombant aux sociétés d’autoroutes. Nous allons donc dans le sens que vous préconisez, même si nous n’allons pas aussi loin que vous le souhaiteriez. Nous avons estimé que cette solution était plus équilibrée et elle pourra de toute façon être rediscutée dans trois ans.

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