Je donnerai juste quelques éléments de contexte sur le débat concernant les chambres d’agriculture que nous avons entamé hier soir et que nous reprenons maintenant.
L’Orne, mon département, est extrêmement rural, puisqu’il se situe au huitième rang des départements ruraux. Il compte en ce moment 4 000 exploitations – il en disparaît néanmoins régulièrement –, soit 9 % de la population active, ce qui est une proportion importante. En outre, le réseau consulaire général, qui comprend plus de 110 établissements, a un rôle absolument essentiel dans la gestion de ces exploitations agricoles.
Au regard du très grand nombre d’amendements déposés au présent article, il est clair que nous sommes tous extrêmement sensibilisés par la problématique des chambres d’agriculture.
Concernant le fond des dispositions du présent article, il s’agit de préciser les dispositions relatives à la taxe pour frais de chambres d’agriculture, et d’instituer un fonds national de péréquation et de solidarité, sur lequel serait opéré en 2015, au profit de l’État, un prélèvement exceptionnel de 45 millions d’euros, provenant des fonds de roulement supérieurs à 90 jours de fonctionnement. Dans la mesure où l’on parlait tout à l’heure, pour les autres établissements, d’un fonds de roulement de 120 jours, les chambres d’agriculture sont un peu inquiètes.
Nous faisons face en la matière à deux écueils.
Le premier, c’est l’hétérogénéité de la situation financière des chambres. Il est sûr que certaines sont plus dotées que d’autres. L’évaluation préalable fournie en annexe du projet de loi de finances illustre bien ce problème : « Alors que certaines chambres ont une situation confortable, avec un fonds de roulement élevé, d’autres présentent une situation fragile, avec notamment, une capacité d’autofinancement négative et/ou un endettement important. Plusieurs chambres ultramarines, bien qu’en phase redressement, connaissent une situation financière très fragile. » Par conséquent, s’agissant de ce prélèvement, nous allons nous retrouver dans des situations extrêmement disparates.
Le second problème, c’est le caractère de fait rétroactif du prélèvement, puisqu’il tend à remettre en cause certaines opérations d’investissement décidées par les chambres et validées par leur tutelle administrative. Dans l’Orne, par exemple, avec le concours de la région, nous venons de mettre en place le programme d’actions de la directive nitrates.
Par conséquent, ce prélèvement rétroactif n’emporte la conviction ni des élus ni des administrateurs des chambres.
Quel camouflet cela pourrait-il représenter par ailleurs pour l’administration ! Alors que les projets d’investissement ont été validés, le Gouvernement reviendrait-il directement dessus ? Nous nous posons la question.
Vous l’avez dit, monsieur le secrétaire d’État, le plafonnement des taxes affectées et les prélèvements sur le fonds de roulement ne sont pas une invention de votre gouvernement, mais prolongés à l’extrême, ils tendent à mettre en difficulté notre réseau consulaire et, derrière lui, la représentation de notre agriculture, d’autant que nous venons de voter un texte sur l’agriculture voilà encore peu de temps – l’encre n’est pas encore sèche et les décrets ne sont pas publiés – qui comportait de nombreuses améliorations, notamment la réforme des sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural, les SAFER, et des modifications concernant les chambres d’agriculture.
Autrement dit, nous vivons une période de restructuration de l’agriculture, secteur qui, vous le savez, est fragile. À ce propos, nous allons examiner dans quelques jours le budget de l’agriculture, à l’occasion duquel notre hémicycle sera bondé, comme chaque année. §
Monsieur le ministre, les amendements que nous allons vous présenter doivent être considérés comme autant de signaux au profit de notre agriculture, surtout dans les territoires ruraux et hyper-ruraux. Vous le savez, l’agriculture est très importante aux yeux des sénateurs. C’est la raison pour laquelle l’examen de cet article nous prendra probablement un peu de temps.