Intervention de Brigitte Gonthier-Maurin

Réunion du 30 mars 2015 à 21h30
Prostitution — Article 16

Photo de Brigitte Gonthier-MaurinBrigitte Gonthier-Maurin :

Je voterai évidemment ces amendements.

Je n’accepte pas le procès d’intention selon lequel les partisans de la pénalisation du client ne respecteraient pas les personnes prostituées ! C’est tout le contraire, mes chers collègues !

Mme la secrétaire d’État a donné des éléments d’appréciation de l’évolution des législations dans d’autres pays. La France a opté pour l’abolitionnisme. Je crois qu’elle a eu raison de le faire, car cette question a bel et bien à voir avec celle de l’égalité entre les hommes et les femmes. Comment peut-on à la fois prôner l’égalité des sexes et considérer que l’on peut acheter ou louer un vagin ? Je le dis brutalement, parce que cela me scandalise particulièrement.

Manifestement, le chemin sera long, et un travail très important doit être fait en direction de la jeunesse. La pénalisation des clients, en posant un interdit, aurait un effet pédagogique : une moitié de l’humanité ne peut pas considérer qu’elle peut louer une partie du corps de l’autre. Ce n’est pas ainsi que l’on peut construire des rapports d’égalité.

Je voudrais combattre plusieurs idées reçues qui relèvent selon moi d’une construction culturelle et sociale, et en aucune manière d’une loi naturelle. Ainsi, selon certains, la prostitution serait un mal nécessaire pour satisfaire des pulsions sexuelles irrépressibles, on se prostitue parce qu’on le veut bien, voire parce que l’on aime cette activité, qui permettrait de gagner de l’argent facilement…

Des inspecteurs de l’Inspection générale des affaires sociales, dont le témoignage m’a beaucoup choquée, nous ont dit que, dès le secondaire, on constatait la pratique de relations sexuelles en échange d’argent ou de cadeaux par de très jeunes n’ayant pas conscience de se livrer ainsi à la prostitution.

Bien évidemment, la question de l’éducation à l’égalité dès le plus jeune âge, que la délégation aux droits des femmes et à l’égalité entre les hommes et les femmes soutient particulièrement, a toute sa place dans ce débat.

Le code de l’éducation dispose, je le rappelle, qu’une « information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles », et qu’une « information consacrée à l’égalité entre les hommes et les femmes […] est dispensée à tous les stades de la scolarité », sans plus de précisions sur les horaires et les modalités. Le problème, c’est que cette information n’est pas dispensée dans tous les établissements, cela étant laissé à l’appréciation des chefs d’établissement.

Je voudrais dire à Mme Génisson que j’ai été choquée par les propos qu’elle a tenus sur les dégâts causés par la prostitution : ma chère collègue, le meilleur moyen d’éviter que la guerre ne fasse des morts, c’est de ne pas faire la guerre !

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